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Combien de pays j’ai traversé ? Je n’en sais rien, et voici pourquoi :

carte-avec-punaiseLa question qui revient à chaque fois que j’explique à quelqu’un que je voyage depuis 4 ans, c’est : « dans combien de pays tu es allé ?« . Je déteste cette question. Car je n’ai pas la moindre idée de la réponse. Je n’ai jamais pris le temps de m’assoir face à une carte du monde et de compter les pays traversés. J’ai bien une petite idée, mais je n’en suis pas sûr, ce n’est qu’une estimation à la louche. Et voici pourquoi je ne compte pas le nombre de pays que j’ai traversé.

Je ne recherche pas la performance mais le plaisir

Je comprends très bien pourquoi on me pose cette question. Elle coule de source dans le monde dans lequel on vit : il s’agit de quantifier la performance.

« Waouh, il a été dans 145 pays, c’est un sacré aventurier !« , ou « oh, seulement 6 destinations ? okay…« .

Ce n’est pas ma logique. Je ne suis pas dans l’optique de rayer les noms des pays sur une liste, ou de cocher chaque nouvelle frontière traversée.

Il y a des voyageurs qui visitent 80 pays sans les voir, croisent des milliers de personnes sans apprendre à les connaître, traversent des dizaines de cultures différentes sans s’immerger dans aucune d’entre elles. Ce n’est pas ce que je recherche. Je préfère voir peu d’endroits différents, mais prendre le temps de les découvrir, de comprendre le mode de fonctionnement des gens. De m’intéresser réellement à eux et de nouer des relations autrement plus profondes que quand on se contente d’un passage éclair entre deux auberges de jeunesse.

Je m’en fou de compter combien d’endroits j’ai traversé ou combien de tampons j’ai obtenu sur mon passeport. Ce qui m’importe, c’est le plaisir que je retire de mes voyages. Et le plaisir, je le prends en prenant mon temps.

Quand j’aime un endroit, j’y reste longtemps

C’est pour cette raison que quand je découvre une ville ou un pays qui me plait, j’y reste longtemps. L’exemple le plus flagrant c’est avec Göteborg, en Suède. J’ai passé 3 mois dans cette ville qui est aujourd’hui probablement ma destination préférée sur terre (bien que je sois loin d’avoir tout vu, on est d’accord).

La plupart des voyageurs, surtout ceux qui partent en tour du monde express avec un itinéraire planifié et des vols pré-enregistrés, n’auraient jamais dépassé un séjour de 3 jours à Göteborg. J’aurais pu partir vite aussi. M’empresser de découvrir d’autres villes de Suède, ou bien prendre un avion pour n’importe où. Mais j’ai eu un tel coup de coeur pour l’endroit que j’ai eu envie de m’arrêter, de prendre un appartement sur place, apprendre les bases de la langue et comprendre le mode de vie des suédois.

Je suis un adepte du slow-travel. Je considère que l’on ne découvre jamais mieux une place que lorsque l’on prend le temps d’y rester, de parler avec les gens, et de s’immerger dans la vie locale.

Mon objectif : m’immerger dans la vie des locaux, pas collectionner les tampons sur un passeport

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Un autre exemple qui me vient en tête, c’est Battambang, au Cambodge. Sincèrement, il n’y a rien à voir et rien à faire dans cette ville. C’est tout petit, tout plat, les paysages autour n’ont rien d’extraordinaire, c’est juste la campagne cambodgienne. Mais je lui ai trouvé un charme fou, quelque chose d’indescriptible qui a fait que j’ai passé trois fois plus de temps que ce que j’avais prévu au départ.

Tous les matins, j’allais prendre mon petit déjeuner au même restaurant. Les locaux ont fini par me reconnaître et on échangeait à chaque fois quelques mots gentils. Je faisais rire la jeune serveuse en essayant de prononcer les plats en cambodgien, et je suis convaincu que si j’y retourne demain, elle se rappellera de moi.

J’aurais pu faire comme ce couple de français qui ont fait un ‘tour d’Asie‘ en 3 semaines, en traversant le Vietnam, le Cambodge, le Laos et la Thaïlande (oui, tout ça en 3 semaines !). Ils sont arrivés à Battambang le mardi soir, ils ont visité la ville le mercredi matin et ont pris un bus pour leur prochaine étape le mercredi après-midi. Se rappelleront-ils de quoi que ce soit de leur passage ? J’en doute fort.

Je retourne souvent aux mêmes endroits

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Un autre paramètre qui fait que je n’ai pas vu tant de pays que ça, c’est que je retourne souvent aux mêmes endroits. Parce que j’y ai rencontré des gens avec qui je veux maintenir le contact, et parce que j’estime que j’ai encore des choses à découvrir sur place.

Rien qu’en Europe, je suis allé trois fois en Suède, trois fois en Norvège et je retourne prochainement pour la quatrième fois en Andalousie, pour des séjours relativement longs. Alors forcément, j’aurais pu me contenter d’un passage dans chaque et aller plutôt voir l’Uruguay, la Serbie ou la Nouvelle-Zélande, et ainsi rajouter des noms à ma collection de pays traversés. Mais, encore une fois, ce n’est pas comme ça que je vois les choses. Je ne fais de concours avec personne, et si ça en amuse certains de traverser 70 pays en 3 mois, ce n’est pas mon objectif.

J’ai probablement vu moins de destinations en 4 ans de voyage que la plupart des backpackers n’en voient en 6 mois sur la route. C’est logique : je n’ai pas du tout la même façon de voyager qu’eux, bien que l’on partage probablement les mêmes types de transport, les auberges où on s’arrête, et une passion commune pour le dépaysement.

Je ne dis pas non plus que c’est bien ou mal de ‘rusher‘ pour en voir le plus possible. C’est juste que c’est quelque chose qui ne me correspond pas. J’aime prendre mon temps pour plein de choses dans la vie, et ça se retrouve aussi dans ma façon de voyager.

Alors combien de pays j’ai traversé ? Si un lecteur s’amuse à reprendre chaque article du blog et à les classer par pays, on ne devrait pas être trop loin du compte !