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« Le Vanuatu, un pays ? Ah bon, c’est où ? » – Interview de Guillaume, expat dans les îles du Pacifique :

Aujourd’hui, pas d’article, mais une interview. Celle de Guillaume, expat au Vanuatu, qui va nous parler de sa vie là-bas. Guillaume a déjà contribué à RoadCalls en écrivant cet article, et est également lecteur de mon livre « Offrez vous une vie de voyages » (c’est d’ailleurs suite à ça qu’on a échangé plusieurs mails donnant lieu à cette interview). C’est passionnant :

– Hello Guillaume et merci d’avoir accepté de répondre à mes questions ! Tout d’abord pourquoi le Vanuatu ? C’est un rêve que tu avais depuis longtemps ou tu es arrivé là « par hasard » ?

Alors oui c’est le hasard qui a décidé de ma destination, on va dire que je cherchais une mission de volontariat à l’étranger, le plus loin possible et que l’on m’a proposé le Vanuatu : « ah bon c’est un pays ? C’est où ? » 🙂

– Tu fais quoi précisément sur place, quel est ton rôle ? Comment t’as atterri ici ? Quelle est ton histoire ? C’est ta première expérience à l’étranger, ou tu avais déjà pas mal bourlingué avant ?

En fait j’ai deux missions, chacune à mi temps. Je suis représentant France Volontaires (FV) pour le Vanuatu (une ONG française d’envoi de volontaires) et je travaille aussi avec les Scouts du Vanuatu pour développer le mouvement et le rendre indépendant. Ma mission avec FV est de faire en sorte que tout se passe bien pour les volontaires en place mais aussi de développer de nouvelles missions pour de futurs volontaires. Avec les scouts, je travaille au quotidien avec eux pour les aider à mieux s’organiser, à mieux travailler ensemble (il y a des scouts anglophones et francophones qui n’ont jamais eu l’habitude de travailler ensemble). J’ai atterri ici suite à ma recherche d’un volontariat avec les scouts. Je cherchais à repartir à Haïti suite à une expérience réussie l’année précédente et en contactant les Scouts et Guides de France à Paris, ils m’ont dit qu’ils n’avaient pas de poste à Haïti pour le moment mais qu’ils étaient en train d’en créer un au Vanuatu, j’ai donc sauté sur l’occasion.

Mon histoire, un parcours scolaire un peu en zigzag, un manque de motivation pour rester assis à écouter un prof, un bts aménagement paysager puis une année en Irlande comme caissier histoire de voir et faire autre chose et apprendre l’anglais ! Puis une L3 et un master en gestion de projets humanitaires ! Des expériences durant ces trois ans au Mali, au Burkina Faso et à Haïti et maintenant le Vanuatu depuis 7 mois maintenant ! Et au milieu de tout cela, des voyages en stop en France et Europe, des souvenirs magiques comme tu dois aussi en avoir…

– En 2 mots comment tu as fait au niveau administratif pour faire ce que tu fais ? Paperasse, etc ?

Alors very easy, comme je suis partie dans le cadre d’une association, j’ai un contrat de volontariat (je ne suis pas salarié), j’ai donc une couverture médicale, sociale, mon billet d’avion est pris en charge A/R. Au niveau des modalités d’entrées dans le pays, j’ai la chance d’être français 🙂

– Tu vas donc rester 2 ans en tout ici. Après 7 mois sur place comment tu dirais que se passe ton expatriation ? As-tu le sentiment de « faire partie des meubles », ou est ce que tu es encore un étranger (dans ton esprit et dans celui des gens que tu côtoies) ?

Expatriation compliquée, dur de s’intégrer, dur de côtoyer réellement des locaux autrement que par des bonjour et discussions rapides dans la rue… Lorsque j’étais à Haïti par exemple, j’étais dans une petite île au Sud de la grande et donc un peu près le seul blanc, j’ai adoré être au contact des locaux, m’imprégner de cette culture haïtienne… Ici, je suis dans la capitale donc c’est vrai que j’ai tendance à côtoyer des compatriotes car au moins je peux discuter de choses communes, nous avons une histoire commune donc plus facile… Mais par exemple lorsque je vais manger au marché de Port Vila, je discute et rigole avec les mamans qui vont à manger mais ça en reste là, ce n’est pas ce que j’appelle faire partie des meubles !

Alors bien évidemment je suis bien plus intégré que les touristes de passage, je commence à bien parler la langue locale, je suis bien accepté mais il y aura toujours un truc qui fera que je serais un étranger et je ne peux pas passer au dessus de ça ! Mais du coup ça oblige à se remettre en question, à discuter encore plus et finalement tant mieux sachant que je ne vais pas rester éternellement, c’est normal que l’on me considère comme quelqu’un de passage.

– Comment tu vois la suite, les 18 prochains mois ? La routine s’installe, ou tu découvres toujours des nouvelles choses ?

C’est vrai que la routine s’installe. Efaté, l’île où je vis, est petite et tu peux faire le tour en 2 h de voitures. Les week-ends se ressemblent beaucoup parfois, une plage de sable blanc reste une plage de sable blanc et même si ça peut sembler faire un peu prétentieux et blasé de dire cela, ça fait partie de mon quotidien donc je ne le regarde plus comme au début ! J’ai la bougeotte et déjà envie de voir d’autres choses même si j’adore ma vie ici ! Mais en parallèle, je consulte des blogs comme le tien, j’héberge des Couchsurfeurs et forcement ça me donne des idées… Je travaille actuellement sur un projet de tour du monde et la façon de le faire financer, un tour du monde culinaire mais je ne t’en dis pas plus, secret defense, sinon je serais obligé de te faire taire, tu penses bien 🙂

– Je crois qu’au Vanuatu ça parle français non ? Ca a facilité les choses au départ, notamment pour faire des rencontres ? Est-ce que tu t’es fais des amis parmi la population locale ? Y’a beaucoup de français / de touristes occidentaux ou tu es l’un des rares ?

En fait il y a trois langues officielles, français (40%), anglais (60%) et bishlamar (100%) + 103 dialectes locaux… Effectivement ça facilite les choses même si le must c’est de parler bishalmar (le dialecte principal, un créole issu de la colonisation, parlé par l’ensemble de la population) et donc comme je peux parler français et/ou anglais, je ne pratique pas trop le bishlamar. Mais forcement à la longue, je commence à le comprendre et à pouvoir le parler. Comme je te le disais, c’est difficile de se faire des amis parmi la population locale, notamment à cause de la différence du niveau de vie. Evidemment je vais rencontrer des locaux mais je ne vais pas pouvoir faire des activités avec eux que je ferais avec des vrais amis. Parce que je ne peux pas payer pour tout le monde ! Quand on se fait un week-end à l’extérieur de Port Vila où une soirée avec des amis, chacun paye une partie !

Il y a environ 2000 français au Vanuatu ce qui est beaucoup au vue de la taille du pays (250 000 habitants). Beaucoup de touristes aussi, australiens et néo-zélandais… Des gros bateaux de tourismes arrivent régulièrement (2000 passagers) et déversent leurs flots de Poken (un genre d’insulte pour désigner les australiens) car dans le Pacifique ils ne sont pas réputés pour leur goût et leur tact… Ils arrivent le matin à 7h et repartent le soir à 17h, juste le temps d’entraperçevoir un bout de la ville, de claquer leur tune et de repartir le soir vers une autre île du Pacifique… C’est une raison supplémentaire pour parler le bishlamar, pouvoir se différencier de ces touristes et négocier plus facilement les prix et passer pour quelqu’un de plus sympa…

– Qu’est ce qui t’a le + surpris / choqué / étonné quand tu es arrivé là, en tant qu’occidental ?

On va dire que je commence à être habitué à la notion du temps dans ces pays chauds et donc ça ne me choque plus vraiment même si parfois ça me fait forcement criser… On va dire que l’immersion s’est plutôt bien passée, toujours la même envie de découvrir un nouveau pays mais plus choqué comme j’ai pu l’être lorsque je suis partie au Cambodge la première fois il y a 7 ans avec les scouts… Les odeurs au marché, la saleté dans les rues, les gens en guenilles, les sourires et le côté sympa de ces gens qui n’ont rien… Je commence à m’y habituer et c’est cela que je recherche finalement…

– Aujourd’hui, après 6 mois sur place, qu’est ce qui te surprend encore tous les jours ?

Comment est ce qu’ils font tous pour rouler sans jamais avoir d’accidents ? J’en ai vu un seul pour le moment mais c’était juste une aile arrière de dégommée… 😀

– Comment tu définirais la population, l’état d’esprit général ? Les traits de caractère ? Je sais que c’est pas évident de généraliser sur le pays dans lequel on est, mais est ce qu’il y a des traits communs que tu retrouves chez une grande partie des gens que tu rencontres ?

Inertie, manque de vision à long terme, difficulté à entreprendre quelque chose sur la durée mais bien sur joie de vivre, contact facile, sympathie…

– Un truc bête mais qui me bloque un peu sur le fait de partir dans les îles : tu y manges quoi ?

Je suis dans la capitale donc je mange tous ce que tu peux manger au quotidien, mes céréales le matin, de la viande, des pâtes, des pizzas… Quand je vais au marché, c’est riz avec du poisson ou de la viande… Beaucoup de fruits et de légumes (de saison bien entendu)… Bref j’adore beaucoup !!!

A Haïti par exemple, je ne mangeais que du riz midi et soir donc au bout de 5 mois c’était un peu dur d’avaler quoi que ce soit !!!

– Tu vis où ? Dans quelles conditions ? Comment sont les infrastructures ? C’est vraiment une partie du globe dont j’ai aucune idée de la façon dont les gens vivent, ça m’intrigue !

Je vis dans un appart avec tout ce qu’il faut pour vivre, des toilettes, deux chambres, une cuisine et un super balcon pour manger mes repas et regarder le monde au réveil !!! Ce n’est pas un logement d’expat, dans le sens où c’est un appartement plus pour des locaux mais moi j’adore ! Ensuite évidemment tu as une partie de la ville plus bidonville, avec des habitations en tôles, avec trois fois rien, des toilettes communes et des douches au saut dans la cour ! Dans le centre, tu trouves des magasins, des supermarchés… Les routes sont un peu défoncées mais j’ai connu pire !

– Au niveau personnel, qu’est ce que t’apporte une expérience comme celle ci ?

Des rencontres, une remise en question, du plaisir au quotidien, de la découverte…

– Qu’est ce que tu conseillerais aux gens qui ont envie de faire comme toi et franchir le pas, mais qui n’osent pas ?

Arrêter d’écouter les pessimistes, les médias qui vous empêchent de sortir de chez vous, ceux qui vous font croire que le monde est plus dangereux que votre chez vous ! Vous pouvez aussi bien sortir dans la rue et vous faire écraser par un mec bourré… Alors OSEZ, partez et voyager, vous en reviendrez grandis, peut  importe votre âge, votre situation familiale, les opportunités sont nombreuses… Voyager c’est changer de regard, c’est prendre sa place dans la dynamique mondiale, ne soyez pas spectateur mais acteur de votre vie !

« Fais de ta vie un rêve et de ce rêve une réalité. » – Antoine de Saint-Exupéry.

Un grand merci à toi Guillaume pour cette interview qui fait rêver (et qui nous apporte un peu de soleil des îles !).

Si TOI AUSSI (oui toi là !) tu as une expérience d’expat à partager, contacte moi en cliquant ici.