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Les voyageurs modernes sont des flippés : ma réponse à Arnaud du blog Adiosparis

Je viens de tomber sur un article écrit par un confrère blogueur. Cet article me fait instantanément me dire : les voyageurs modernes sont des trouillards. Des flippés. J’explique pourquoi je dis ça dans les lignes qui viennent, mais avant je vous situe le contexte.

Dans son article, l’auteur revient sur les stats des voyageurs qui partent autour du monde.

En gros, pour résumer, l’immense majorité des voyageurs ont le même profil (27 ans, hommes ou couples en majorité, etc) suivent le même itinéraire, se rendent dans les mêmes pays, vivent les mêmes expériences. En gros : tous des clones.

Autant dire que le mythe du voyageur solitaire, indépendant, qui part faire son tour du monde sans se soucier de personne, en prend un sacré coup.

Sous l’article, un commentaire m’a interpellé et m’a donné envie de réagir.

Il dit :

« Ca fait un peu peur aussi ce côté « mondialisé » de nos rêves et nos projets… »

C’est ce commentaire qui me fait écrire cet article.

Je trouve qu‘il faut quand même vachement relativiser le ‘on a tous les mêmes rêves’.

Les voyageurs sont en marge, mais en marge de quoi ?

Si on se remet dans un contexte global, on est quand même assez peu à avoir ce genre de projets. Sur 1000 personnes prises au hasard parmi la population française, combien rêvent de faire un tour du monde ? La question est rhétorique, mais si je tente de répondre, je dirais une centaine, à la louche. Parmi eux, combien vont le faire ? Pas plus de 1 ou 2 à mon avis.

Donc même si la plupart des voyageurs vont aux mêmes endroits, nos projets restent tout de même hyper minoritaires par rapport aux véléités habituelles de nos congénères.

Et puis surtout, je crois qu’il ne faut pas perdre de vue quelque chose d’assez important.

Un peu de sociologie de comptoir…

Les voyageurs au long-cours ont beau être un peu en marge du reste de la société (ce n’est pas péjoratif, juste un constat), peu sont ceux à être de véritables aventuriers. 95% d’entre nous allons donc dans les lieux où d’autres sont déjà allés avant, parce qu’on a lu des articles sur des blogs, dans des revues, etc. Ca nous rassure.

Qui parmi ceux qui liront cet article peuvent vraiment se targuer d’avoir mis les pieds dans des lieux nouveaux ? Où peu de gens se rendent ?

Parce que visiter la Thaïlande, l’Argentine ou l’Australie, c’est chouette, mais cela reste des destinations vues et revues. Il suffit de taper « blog Thaïlande » ou « voyage Thaïlande » sur Google pour constater que Bangkok, c’est la côte d’azur branchée des voyageurs d’aujourd’hui : et bientôt viendront les touristes.

En voulant s’extraire de la masse pour vivre une vie différente, les voyageurs ont recréé un système à part entière, avec ses codes, ses lieux à voir, ses manières de penser.

Ils quittent le macrocosme du métro-boulot-dodo pour plonger tête la première dans le microcosme du « je-plaque-tout-pour-partir-faire-le-tour-du-monde« , en suivant un chemin tout aussi balisé.

Il y a trois types de personne qui visitent cette planète :

A mon sens, voici les trois types de gens qui visitent la planète.

D’abord on y trouve les aventuriers, qui partent là où personne ne va. Ils ne sont vraiment pas nombreux. Et aujourd’hui, pas grand monde peut se targuer d’en être vraiment un.

Puis viennent les voyageurs, là où se situent l’immense majorité d’entre nous. Ceux qui ont laissé tomber les 35 heures et les 5 semaines de congés payés par an pour vivre des expériences différentes. Ils ne sont pas nombreux non plus, mais tout de même beaucoup plus que les aventuriers.

Enfin viennent les touristes. Ceux qui partent 2 semaines à Djerba se faire dorer la pilule. Ceux qui disent « j’ai FAIT les Pyramides, c’était ma-gni-fique ».

Les voyageurs d’aujourd’hui sont des flippés

Et si personne ou presque ne va en Afrique de l’Ouest ou dans l’Asistan (appelons comme ça les pays en -stan), c’est parce que personne de suffisamment influent dans le monde du voyage ne s’y est encore rendu. Parce qu’aucun aventurier n’a encore levé le mystère sur ces pays, parce que personne ne nous a rassuré, nous les voyageurs peureux que nous sommes tous un peu.

Ce n’est pas un hasard si le nombre de touristes au Kazakhstan a triplé depuis la sortie du film Borat : une partie du voile entourant ce pays a été levé. L’inconnu, et la peur que cela engendre, a laissé place à une image vaguement rassurante pour nous autres occidentaux.

Car oui, tout est là : nous avons peur.

Parmi les voyageurs-blogueurs-aventuriers d’aujourd’hui, combien seraient partis à l’aventure sur une caravelle, à l’époque des grandes explorations de Vasco de Gama et compagnie ?

Pas grand monde. Je peux vous garantir que jamais je n’aurais mis les pieds sur un de leurs rafiots : je serais resté bien au chaud dans ma cahute, au fin fond de la Normandie.

Bref, tout ça pour dire que si les voyageurs passent tous par les mêmes endroits, c’est qu’il y a une raison. Mais au final, ce qui importe vraiment, c’est que chacun y trouve son compte. Que chacun s’éclate dans son trip, et qu’il en revienne plus riche que jamais. Et peu importe s’il est le 250e de la journée à acheter son ticket pour Sydney, Hong Kong ou Rio de Janeiro.

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