Après un séjour à Skopje mi-figue mi-raisin (ou devrais-je dire mi-séisme mi-cafard, comme je l’explique dans cet article), j’ai décidé de quitter la capitale de la Macédoine pour prendre l’air frais et découvrir ce que le pays a à offrir en terme de nature. Direction le lac d’Ohrid, et la ville du même nom, à la frontière ouest du pays, juste en face de l’Albanie.
Infos pratiques :
Au moment où j’écris ces lignes, il y a des vols directs entre la France et Ohrid : 36€ aller-retour ici !
Au niveau des hébergements, il y a à boire et à manger à Ohrid. Pas forcément besoin de réserver à l’avance, vous pouvez arriver sur place et toquer aux portes dès que vous voyez un panneau ‘Sobe’ (‘chambres’) ou ‘apartmani’ (y’en a plein, plein, plein). Si vous préférez réserver, les meilleurs hôtels d’Ohrid sont triés sur cette page.
Le premier contact est agréable : mon hôte est venu me chercher en voiture à la gare de bus, excentrée du centre-ville. Je n’aurais pas à marcher plusieurs kilomètres avec mon sac sur le dos, à chercher mon logement. Surtout que j’ai décidé de résider dans la vieille ville d’Ohrid, c’est à dire dans son centre historique classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, et qui se trouve en hauteur par rapport à la ville nouvelle. Comme je le découvrirai plus tard, l’ascension allait être longue.
Lorsque j’arrive dans la vieille ville, je m’émerveille. Les ruelles sont pavées et contournent dans tous les sens des maisons blanches aux tuiles oranges. D’étroits escaliers serpentant entre des maisons fleuries permettent de passer d’un niveau à l’autre, d’un chemin à l’autre. Chaque virage offre une nouvelle perspective sur le lac et les montagnes environnantes.
Parfois j’aperçois la forteresse d’Ohrid, parfois c’est l’Albanie qui dessine ses contours sous mes yeux. Régulièrement, je tombe sur un temple ou un monastère.
Parfois, je m’éloigne de la ville et marche dans les sentiers de promenade, à la recherche d’une crique ou d’un point de vue (on ne peut guère appeler ça de la rando vu que chaque sentier mène à la ville neuve d’une manière ou d’une autre). Visuellement, Ohrid est magique à 360°.
Quand je tente une expédition dans la ville neuve, je finis immanquablement par tomber sur le lac, comme attiré par lui.
Je me promène sur ses rives, à la recherche du plus beau coucher de soleil. Et à Ohrid, de ce côté là, j’ai été servi.
Sur mon chemin, de nombreux animaux : les lézards qui prennent le soleil, les écureuils dans les arbres, une tortue sur le sentier, et un scorpion dans mon salon. Je ne mentionnerais pas le mille-pattes qui a atterri sur mon oreiller en pleine nuit, me procurant une belle petite frayeur au passage.
Ma déception à Ohrid concerne les gens, fermés et peu accueillants. La moitié de mes expériences dans les restaurants aura été négative : pas de bonjour, pas de sourire, mauvais rendu de monnaie intentionnel, agressivité patente, prix à la tête du client, … J’avais déjà eu du mal à Skopje, la tendance se confirme à Ohrid : les macédoniens ne sont pas les plus ouverts, c’est un euphémisme. Peut-être ont-ils l’habitude des touristes en bande organisée, et qu’ils n’ont pas l’habitude des backpackeurs indépendants ? En tout cas, même si certaines personnes rencontrées ici ou là remontent vraiment le niveau, la plupart des gens à qui j’ai eu à faire à Orhid ne m’auront donné qu’une seule envie : celle de partir le plus vite possible.
Finalement, comme souvent, je trouve refuge dans la nature, dans la beauté des paysages.
J’ai trouvé mon spot pour les couchers de soleil, avec le monastère en contrebas et l’Albanie à l’horizon. Je me régale, les oreilles fermées et les yeux grands ouverts, dans ma petite bulle.
Activités à faire au lac d’Ohrid :
Louer des vélos
Deux agences en proposent. L’une est une sorte de « point info » située juste à côté de la basilique de la vieille ville, mais ses tarifs sont exhorbitants et son personnel peu aimable. L’autre est en bas, dans une vraie boutique avec pignon sur rue, dans une ruelle parallèle au lac. Je n’ai plus le nom, mais elle est près de la Pizzeria Leonardo, direction la ville neuve. Vous pouvez louer des VTT pour 10€ les 24h (pratique !). Attention, cette agence est fermée le dimanche.
Faire du kayak sur le lac.
A ma connaissance il n’y a qu’un seul loueur, et ce sont de vrais cons. C’est un restaurant juste en dessous du monastère, qui propose ce service. La première fois, j’arrive, je demande à parler à la personne qui s’occupe de la location. Un jeune branleur s’approche de moi avec un air de défi, me regarde de la tête aux pieds, et me balance « 1500 pour une heure » (soit 24€ ! même à Saint Tropez c’est moins cher !). Je pars direct. Par curiosité, quelques jours plus tard je passe devant ce restaurant et je vois un mec ramener un kayak. Je lui demande combien il a payé. Sa réponse : 150 pour une heure. Voilà voilà. Le lendemain j’y suis retourné et j’ai finalement pu avoir mon kayak pour 150 denars. Mais quelle attitude de merde.
Faire de la rando
Je n’ai pas eu l’occasion de le faire, mais il est possible de faire de la vraie bonne grosse rando dans le parc Galicica. Il y a apparemment des vues saisissantes sur les lacs de Prespa et d’Ohrid. Les options, pour s’y rendre, c’est soit de passer par une agence de voyage de la ville (et payer une 30aine d’euros la journée…), soit s’y rendre par ses propres moyens (en taxi ou alors en louant une voiture).
Visiter les églises / monastères / forteresses
Tout est payant, pas très cher, mais il faut systématiquement lâché 100 denars par-ci, 50 denars par-là, pour avoir le droit de rentrer dans une église ou un monastère. Je l’aurais fait sans soucis mais j’ai tellement été déçu par la forteresse de Skopje que j’ai préféré économiser mes sous pour autre chose (comme un bon jus d’orange pressé au bord du lac, par exemple). « Chat échaudé craint l’eau froide », dit le dicton. Peut-être que si les macédoniens se mettaient à respecter un peu plus les touristes en ne faisant pas payer tout et n’importe quoi, on aurait davantage confiance sur le retour sur investissement quand on nous demande de payer.
Faire un tour en bateau sur le lac
Au bord du lac, vous allez vous faire alpaguer des dizaines de fois par des « capitaines » de bateau qui vous proposent de faire le « tour du lac » pour 5€. En guise de tour, ils font simplement un petit passage devant les criques accessibles à pieds, à moins de 300 mètres du point de départ. C’est un vrai attrape-touriste, encore une fois. Je déconseille. Si vous voulez voir Ohrid depuis le lac, louez un kayak et allez où vous voulez !
Où loger à Ohrid ?
Il y a des « rooms » partout, c’est vraiment facile. Si vous êtes sur place hors saison, je vous conseille de ne rien réserver à l’avance et de visiter au fur et à mesure, comme lorsque l’on cherche une guesthouse en Asie.
Pour la localisation, tout dépend de ce que vous cherchez. Le quartier animé est au croisement entre les basses ruelles de la vieille ville et les premières rues commerçantes de la ville neuve, au début de la promenade le long du lac. C’est très, très animé, et donc très, très bruyant. Pour ma part, j’ai opté pour les hauteurs de la vieille ville, près de la forteresse. A cinq minutes de marche du centre et des restaurants mais au calme la nuit.
Les meilleurs hébergements d’Ohrid sont listés sur cette page, je vous invite à y jeter un oeil car il y a souvent des promos intéressantes (au pire, de toute façon, vous ne paierez jamais plus de 50€ la nuit même dans un truc de luxe).
Où manger à Ohrid :
Il y a pléthore de restaurants à Ohrid. Tous proposent à peu près la même chose : 2/3 salades (greek, caesar et skopska), quelques pizzas et deux trois plats « typiques ». La plupart du temps, entre 2€ pour les salades et 5/6€ pour les plats cuisinés. Vous allez faire votre propre expérience, mais en gros voici ce que j’ai noté personnellement :
> le Damar : un gros attrape touriste, la cuisine est médiocre et la serveuse rend mal la monnaie de manière intentionnelle. Un des pires endroits où j’ai mangé de toute ma vie, je vous le déconseille formellement.
> le Via Nostra : juste à côté de la basilique, la cuisine est simple mais bonne (goûtez la fêta aux légumes dans la carte des « plats traditionnels »), et surtout le personnel est le plus gentil de toute la Macédoine (vous me direz, il n’y a pas de mal).
> Dr Falafel : dans la ville neuve, dans le prolongement de la rue commerçante. Un petit bouiboui qui n’a l’air de rien (c’est la définition du bouiboui, on est d’accord), mais on y mange super-bien des spécialités libanaises, pour un prix défiant toute concurrence. Le hummus y est délicieux. A essayer !
Comment se rendre à Skopje depuis Ohrid (et vice-versa)
Il y a plein de compagnies de bus qui assurent la liaison vers ou depuis Skopje. J’ai pris DelfinaTours pour 450 denars. Les billets s’achètent dans la petite cabane de la gare de bus (loin du centre). Pour votre info, il y a d’autres compagnies qui vendent des billets à l’extérieur de la gare, face aux taxis. Dont une, « Galeb » (bon courage avec l’écriture cyrillique), qui permet de relier directement Ohrid à Belgrade.
Si vous êtes là en haute saison, la plupart des agences de voyage organisent des transferts en minivan vers de nombreuses destinations depuis Ohrid : vers Tirana, Saranda, et d’autres localités en Albanie, mais aussi vers la Grèce ou même le Monténégro. Le problème, c’est que tout s’arrête à la fin de la saison (pour moi, ils ont tout coupé le 20 septembre, comme je repartais le 26, j’ai un peu galéré…).
Du coup, deux solutions : soit vous repassez à Skopje pour prendre un bus allant ailleurs (de là vous avez énormément de choix), soit vous tentez votre chance dans la petite ville de Stryga, qui se trouve être sur un axe un peu plus passant que Ohrid, et depuis laquelle il y aurait apparemment régulièrement des bus pour l’Albanie et la Grèce. Le problème, c’est que personne à Ohrid n’a pu me renseigner, et je n’avais pas envie d’aller passer une journée à Stryga pour avoir des infos. Résultat, pour repartir d’Orhid, au lieu d’aller vers l’Albanie comme je l’avais prévu au départ, je suis reparti à Skopje d’où j’ai pris un bus pour Belgrade (note pour mes lecteurs qui feraient de même : gardez environ 1€ sur vous pour payer le mec qui met les bagages dans la soute du bus, soit en monnaie macédonienne, soit en euro, soit en dinars serbes, sinon vous risquez de ne pas pouvoir monter dans le bus !).
Ohrid était la dernière étape de mon voyage en Macédoine
Autant les paysages à Ohrid étaient magnifiques, autant mon expérience globale aura franchement été gâchée par les locaux. Les macédoniens ont réussi à détrôner les espagnols dans mon classement des peuples les moins accueillants envers les backpackers. Et pourtant, c’était loin d’être gagné. J’avais le projet d’explorer davantage la Macédoine, notamment en me rendant dans la petite ville de Bitola, mais mes expériences désastreuses avec la population lors de ces 3 semaines à Skopje et Ohrid auront eu raison de ma volonté : je pars pour la Serbie aussi vite que possible !
Si vous avez le projet de partir à Ohrid, ne boudez pas votre plaisir pour autant à la lecture de mes remarques parfois acerbes. La ville historique est absolument magique. Ses ruelles sont un régal, et les paysages sont à couper le souffle. En faisant abstraction des humains autour, vous allez adorer.
Bon voyage à vous tous !
Jérémy.