Aller au contenu

Roadtrip dans les Balkans : mon itinéraire et mes conseils pour se déplacer

Mon voyage de trois mois à travers les Balkans a débuté à Skopje, en Macédoine. Pour être totalement honnête, quand j’y suis arrivé je n’avais pas du tout en tête le moindre itinéraire. Ayant emmené principalement des vêtements d’été, j’avais pour vague projet de rejoindre la côte albanaise et de descendre jusqu’en Grèce. Disons qu’au moment où j’ai bouclé mon sac, c’était une des possibilités que je me laissais. Évidemment, comme à chaque voyage,
tout ne s’est pas passé comme prévu une fois sur place, et mon trajet fût tout autre. Je vous invite à le découvrir ci-dessous.

De Skopje j’ai rejoins le lac d’Ohrid pour quinze jours. N’existant pas la moindre connexion hors saison entre Ohrid et l’Albanie (pourtant à moins de 30 km de là…), j’ai décidé de partir vers le nord, direction Belgrade. 15 heures de bus plus tard, j’arrivais en Serbie, d’où j’allais ensuite rejoindre la Bosnie (Sarajevo puis Mostar), le Monténégro (Kotor et Podgorica) via Dubrovnik (Croatie), puis prendre l’avion pour la Slovénie (Ljubljana et Bohinj) avant de redescendre vers Zagreb (Croatie). Si ça ne vous parle pas, voici la carte de mon itinéraire :

itineraire-voyage-balkan

En clair, j’ai fait :
Skopje > Ohrid (en bus – 4 heures)
Ohrid > Belgrade (en bus via Skopje – 15 heures)
Belgrade > Sarajevo (en bus – 8 heures)
Sarajevo > Mostar (en bus – 5 heures)
Mostar > Dubrovnik (en bus – 6 heures)
Dubrovnik > Kotor (en bus – 4 heures)
Kotor > Podgorica (en bus – 5 heures)
Podgorica > Ljubljana (en avion – 1 heure)
Ljubljana > Bohinj (en bus – 2 heures)
Bohinj > Zagreb (en bus via Ljubljana – 5 heures).

Tout ça en bus, donc, sauf Podgorica > Ljubljana, où j’ai préféré l’avion. C’était le même prix et sincèrement je n’en pouvais plus des 4 heures de bus par-ci, 5 heures de bus par-là. Un peu de confort ne fait pas de mal, après tout !

Comment se déplacer dans les Balkans ?

Dans les Balkans, en tout cas en ex-Yougoslavie, les principales villes sont correctement reliées via un réseau routier plutôt bien foutu.

Si vous décidez de venir avec votre propre voiture, soyez particulièrement prudent car les gens sont des grands malades au volant, ici. Ça roule vite, ça colle au train, ça double sans la moindre visibilité sur une ligne continue, et je ne vous parle même pas de l’usage des clignotants (en revanche, le klaxon, ils connaissent !). Même en tant que piéton c’est délicat : en Macédoine, en Bosnie et au Monténégro, particulièrement, le code de la route pourrait se résumer à « priorité absolue aux voitures : si t’es piéton, tu t’écartes ou tu perds une jambe« .

Si vous n’avez pas de véhicule, vous arriverez à rejoindre les villes qui vous intéressent sans trop de difficulté grâce aux bus, même si vous vous rendez dans des petites localités. Globalement, on peut aller de partout à presque partout (le « presque » est pour la Bosnie, j’en reparle plus bas). Par contre, parfois il faut s’accrocher pour comprendre les horaires ou les destinations (l’alphabet cyrillique dans une bonne partie des Balkans n’aide pas à la compréhension), et je n’ai rarement trouvé très aimable ni aidant le personnel en gare (anglais limité, personnel peu avenant et montrant vite des signes d’agacement face à mes questions).

Les bus, disais-je, sont donc une bonne option pour rejoindre pratiquement n’importe quelle ville, où que vous vous trouviez. Cependant, il y a des vrais points noirs à voyager en bus. D’abord, les trajets sont extrêmement longs. Pour des distances rarement supérieurs à 200km, je me tapais constamment 4, 5 ou 6 heures minimum (mon record : 15h pour 450km…).

De plus, le confort est très limité. J’ai fait plusieurs trajet avec des gens debout dans l’allée, comprimés les uns contre les autres. Par chance, à chaque fois je suis monté à temps pour avoir une place assise, mais ça reste peu confortable. Le blindage des bus est la contrepartie logique de ce que je disais : ils s’arrêtent absolument partout, donc ça monte, ça monte, puis ça descend d’un coup dans une grande ville, avant de se remplir à nouveau dans les petites localités. Sans compter le temps pour chaque détour dans chaque village (car chaque petit bled se targue d’avoir sa ‘gare centrale’ d’autobus). Et il y a une dernière petite surprise pour le voyage en bus, mais j’en reparle un peu plus loin.

Si vous souhaitez voyager en train, je préfère vous le dire tout de suite, oubliez l’idée. Dans chaque ville, j’ai essayé. Je préfère de très loin le train au bus, et pourtant, je n’ai jamais réussi à le faire. Ma dernière tentative aura été pour rallier Mostar depuis Sarajevo. Mon hôte lors de mon séjour à Sarajevo me disait qu’une ligne de train existait, mais une fois à la gare, que nenni. Obligé de prendre le bus, encore.

J’évoquais l’idée plus haut, mais la meilleure chose à faire pour explorer les Balkans de fond en comble sans devoir dépendre des transports en commun locaux, c’est d’avoir son propre véhicule. A mon goût, le principal intérêt de l’ex-Yougoslavie c’est la nature absolument merveilleuse. Certes, plusieurs villes méritent le détour, mais la nature ici est magique.

Si j’avais eu le cran de conduire parmi les fous du volant d’ici, j’aurais volontiers loué un van ou un camping-car, afin d’aller me perdre dans les paysages somptueux du Monténégro ou de Bosnie sans devoir rentrer dormir en ville à chaque fois. Outre le côté magique de dormir seul dans la nature (enfin, entre quatre bouts de tôle, mais loin de la civilisation), il y a aussi le côté pratique (certains coins reculés ne sont pas encore équipé en infrastructure touristique, et c’est heureux) ainsi que le côté économique : se loger dans un village isolé, en Slovénie par exemple, peut vite coûter assez cher (Bohinj, par exemple !).

En bus dans les Balkans, attention à cette petite arnaque :

Bon, je mets arnaque vraiment pour vous donner envie de lire les lignes qui suivent, car il ne s’agit pas tout à fait de ça. Plus d’une sorte de coutume à laquelle nous, à l’ouest, ne sommes pas habitués. Ce que je vais vous dire ci-dessous peut sincèrement vous sauver la mise une fois sur place. Perso, j’aurais bien aimé avoir l’info avant de partir, ça m’aurait évité plusieurs moments angoissants et carrément gênants.

Je ne vais pas vous faire languir plus longtemps. Ce qu’il faut savoir, c’est que quand vous achetez un ticket de bus dans les Balkans, votre bagage en soute n’est pas tout à fait inclus dans le prix, quoi qu’en disent les guichetiers. En pratique, quand votre bus arrive et que vous voulez déposer votre sac à dos dans la soute du bus, il faut « soudoyer » le bonhomme en charge. La somme est rarement élevée, (souvent autour de 1€), mais ça peut être très vite emmerdant quand vous avez déjà acheté votre ticket et que, comme vous changez de pays, vous vous êtes débrouillé pour ne plus avoir la moindre monnaie locale dans vos poches. Je me suis retrouvé comme un idiot deux fois avant de comprendre que c’était systématique dans tous les bus des Balkans : il faut payer le mec qui balance sans aucune délicatesse ton sac à dos dans la soute, sinon interdiction de monter.

La première fois que l’on m’a demandé de payer, c’était entre Skopje et Belgrade. Je n’avais plus de monnaie macédonienne et pas encore de monnaie serbe. Le type patibulaire ne rigolait pas : « si pas argent, pas monter dans bus« . Inspiration de génie (ouais je m’envoie des fleurs, allez hop), j’avais conservé 2 euros dans le fond de mon sac à dos. Je lui ai proposé, il a accepté, et j’ai pu prendre mon bus. Soulagement.

La deuxième fois que je me suis fait une frayeur, c’était pour quitter Belgrade en direction de Sarajevo (mon trajet en bus suivant, donc). Sentant venir l’entourloupe, j’ai pris soin de demander à la vendeuse du ticket si j’allais devoir payer le bagage en soute sur le moment. « Non, non, pas besoin », me répond-elle, sûre de son coup. Dans le doute, j’ai quand même pris soin de conserver 100 dinars serbes sur moi avant de partir. Au moment de monter dans le bus, un type à la gueule cassée m’aboie dessus pour réclamer son pourboire. Je lui tends le billet de 100. Pas de chance, le prix était de 120 dinars. Cette fois, pas moyen de m’en sortir avec des euros. Le bonhomme ne rigole pas. Sentant mon désarroi, c’est la très gentille dame qui attendait derrière moi dans la file qui a complété le montant. La honte.

Passer les frontières dans les Balkans : les galères qui vous attendent

Encore un élément qui plaide en faveur du véhicule individuel plutôt que le bus dans les Balkans, c’est le temps passé aux frontières. En voiture, vous allez en avoir pour 2 minutes maximum : laisser passer un ou deux véhicules avant vous dans la file, sortir vos papiers d’identité, les tendre au douanier, éventuellement répondre à une ou deux questions (mais ils parlent mal anglais, alors…), et hop, vous serez passé.

Dans les bus, c’est une autre affaire. Le second du chauffeur commence par ramasser toutes les cartes d’identité de tout le monde, descend les filer à je sais pas qui, le processus de scan prend du temps, sans compter que parfois il y a des citoyens chinois, japonais ou plus généralement hors Europe dans le bus, pour qui la procédure de vérification ou d’obtention du visa prend davantage de temps que pour nous. Ensuite tout le monde descend du bus, on passe la frontière à pieds, le bus est inspecté par les douaniers, on remonte dedans, et enfin on attend sagement la distribution des cartes d’identité. Et si par malheur il y a un type suspect dans le même bus que vous, c’est foutu : préparez-vous à passer des heures sur place…

Les spécificités de la Bosnie-Herzégovine :

Enfin, si vous avez prévu d’aller en Bosnie et de vous y déplacer en bus, sachez que c’est franchement galère. La Bosnie-Herzégovine est en réalité séparée en deux entités : d’un côté la Fédération de Bosnie-Herzégovine, d’un autre la République Serbe de Bosnie.

Officiellement, vu de France il n’y a qu’un seul et même pays, mais concrètement, dans les faits, sur le territoire bosnien c’est comme si vous jongliez sans cesse avec une partie de la Serbie. Comme les deux peuples ne s’entendent guère (ouh le bel euphémisme), il n’y a que très peu de connexion entre ces deux « entités ».

Pour ma part, en arrivant de Belgrade, je me suis retrouvé dans la gare de Sarajevo côté serbe, c’est à dire à plus de 8 km du centre-ville historique, là où je souhaitais me rendre. De même, quand, dans cette gare de bus, j’ai demandé à me rendre à Mostar, on m’a envoyé promené en disant que « c’était pas ici », sans plus d’infos.

Pour résumer, tant que vous n’essayez pas de faire rentrer la Serbie dans vos plans quand vous êtes en Bosnie, vous devriez vous en sortir sans problème. En revanche, si vous essayez de rejoindre Belgrade ou d’arriver en Bosnie depuis, là les choses se corsent. Soyez attentif sur le nom de la gare où vous arriverez/partirez à Sarajevo, en particulier si vous récupérez des tickets en cyrillique (ça sera le cas au moins pour les trajets en partance de Skopje et Belgrade).

Bref, pour résumer les options de transport lors de votre voyage dans les Balkans :

le train, on oublie, c’est pas possible ;
le bus, on peut aller partout, les tarifs sont honnêtes, mais les trajets sont longs et inconfortables pour tout un tas de raisons ;
votre propre véhicule, c’est probablement la meilleure idée si vous ne comptez pas trop conduire en ville (les grandes agglomérations c’est la folie furieuse ici), et dans ce cas je vous recommande franchement un van ou un camping-car, à condition de vous en sentir capable. Aujourd’hui, il n’est pas forcément nécessaire d’en posséder un et on peut en trouver à la location sur des plateformes comme Campanda.
l’avion, très peu de vols lowcosts entre les pays des Balkans. Pour ma part j’ai volé avec Monténégro Airlines pour 80€ aller simple, un peu cher par rapport à ce que je prends d’habitude, mais rien à redire sur le vol, c’était niquel, allez-y sans crainte 🙂

Jérémy.