Il faut que je vous dise : je suis emmerdé pour écrire cet article sur Mostar. Et vous allez vite comprendre pourquoi.
Mon séjour à Mostar, en Bosnie, ne s’est pas tout à fait passé comme je l’avais espéré.
En fait, j’aurais dû rester 4 nuits à Mostar, alors que je suis reparti dès le lendemain de mon arrivée. La faute à un logement dégueulasse, un propriétaire vraiment spécial, et une nuit blanche à me cailler les miches sur un lit inconfortable au possible.
Alors, forcément, mon jugement sur la ville a été quelque peu altéré par ces péripéties concomitantes. Je vais tout faire pour vous parler de Mostar avec le plus d’objectivité possible, mais je vous prie de m’excuser si ma mauvaise expérience déborde dans cet article.
Bref, dans les lignes qui suivent, je vous raconte ma visite de Mostar, je vous donne mes conseils perso (il y en aura sûrement moins que d’habitude), et je vous raconte dans le détails ce qui m’est arrivé. Bonne lecture !
Pourquoi j’ai décidé de visiter Mostar, en Bosnie
Sarajevo, la capitale de la Bosnie, m’avait enchanté par son côté rustre et pittoresque. Une ville qui a une vrai âme, une vraie identité, ce que je ne pensais plus pouvoir trouver en Europe. C’était mon premier contact avec la Bosnie, et j’ai adoré. Alors quand on m’a recommandé Mostar à coup de « c’est une tuerie« , « une pépite« , et autres qualificatifs du même genre, j’ai décidé d’acheter un billet de train et continuer mon exploration de la Bosnie.
Les transports en Bosnie, quelle galère !
Mais les emmerdes ont commencé dès la gare. Alors que mon hôte à Sarajevo me disait qu’une ligne de train existait entre Sarajevo et Mostar, la dame à la gare de Sarajevo m’envoie promener en disant que ça n’existe pas, qu’on ne peut pas aller à Mostar depuis Sarajevo. Ah, bon, ok, je fais comment alors, pour rallier ce fameux « écrin » qu’est Mostar ?
Finalement, comme à chaque fois depuis le début de mon roadtrip dans les Balkans, je me suis rabattu sur un bus. Un trajet qui n’aura pas été de tout repos d’ailleurs, le bus s’arrêtant dans chaque village sur la route. On a pris bien plus de passagers qu’il n’y avait de places assises. Les gens montaient, se pressaient les uns contre les autres. Je me retrouvais avec le sac à dos d’un lycéen à moitié sur mon épaule (j’étais assis, heureusement), et des odeurs de transpiration que je préfèrerais oublier (j’étais assis, malheureusement). Et je ne vous parle pas de la chaleur étouffante qu’il faisait là-dedans. Trois heures comme ça, c’était pas très marrant.
Heureusement, les passagers ont fini par descendre peu à peu, tandis que mon GPS m’indiquait qu’on se rapprochait de Mostar. J’allais enfin découvrir cette ville que l’on m’a si bien vendu.
Le pont de Mostar, un joyau classé au patrimoine mondial
Je saute volontairement l’épisode où je retrouve mon hôte, et je vous parle directement de ma visite du centre ville de Mostar (après tout, c’est probablement ce qui vous intéresse le plus). Je vous raconterai mes péripéties avec mon logeur un peu plus bas dans cet article.
L’histoire du pont de Mostar en deux mots
Là, je suis sur le pont de Mostar… La photo du pont lui-même vient ci-dessous 🙂
Le pont de Mostar, connu localement sous le nom de Stari Most (littéralement « vieux pont »), est une petite merveille architecturale. Il a été construit originellement au 16e siècle, détruit pendant la guerre de Bosnie dans les années 90, puis reconstruit en 2004 avec les mêmes pierres et les mêmes techniques que le pont original.
Sur un plan personnel, le fait de savoir que j’étais sur un pont vieux d’à peine plus de dix ans, m’a finalement plutôt déçu. Je n’ai pas ressenti le côté excitant qui peut se manifester quand je me rapproche d’un bâtiment extrêmement ancien, où je sais que les pierres ont une vraie histoire. Là, même si c’est visuellement le même pont, et bien… ce n’est pas pareil, émotionnellement parlant.
Bon, ceci dit, c’est vraiment beau, hein. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit !
D’ailleurs, ce qui est le plus impressionnant, ce n’est pas quand on est sur le pont lui-même (puisque, forcément, une fois dessus on ne le voit plus), c’est quand on descend en contrebas, le long de la rivière, sur un petit espace aménagé, et que l’on peut l’admirer dans son contexte : avec les deux tours fortifiées de chaque côté, les petites maisons à l’architecture si typique, et les montagnes entourant Mostar au loin. Magnifique.
Comment profiter du pont de Mostar sans être emmerdé par les touristes :
Sachez que 99% des touristes s’agglutinent sur le pont et les ruelles alentours. Donc si vous n’aimez pas particulièrement les bains de foule, et qu’en plus vous voulez avoir une meilleure vue et admirer le « stari most » dans son ensemble, alors trouvez le sentier qui mène en contrebas (ce n’est pas compliqué), vous serez peinard et vous aurez une vue au top (photo ci-dessus).
Prenez des précautions sur le pont de Mostar
La vue sur la ville de Mostar depuis son pont, le Stari Most…
Attention, sachez que les pierres du pont de Mostar sont particulièrement glissantes. J’ai failli finir à l’eau plusieurs fois, et je ne suis pas le seul à m’être fait des frayeurs. Soyez prudent, car le pont culmine à 29 mètres de haut. Cela ferait une sacrée chute…
Faites gaffe aussi aux hordes de touristes qui n’hésitent pas à vous bousculer pour avoir le meilleur spot photo. Ce n’est pas la première fois que je remarque à quel point certains touristes en tours organisés n’ont aucun respect ni pour les lieux où ils passent, ni pour les autres touristes. Dans la plupart des endroits, se faire bousculer est juste chiant, mais ici ça peut devenir dangereux, pour les raisons que j’ai évoquées plus haut. Prudence, donc.
Le tourisme à Mostar : une véritable industrie
L’une des ruelles de Mostar…
J’évoquais ci-dessus les hordes de touristes venus déambuler dans les ruelles de Mostar. Toutes les nationalités se pressent pour admirer les vieilles pierres, les minarets et les vues dignes des plus belles cartes postales.
Je ne suis pas sûr, d’ailleurs, que le nombre de touristes quotidien soit si élevé, à Mostar. Le problème, c’est que le centre historique est rikiki (genre, vraiment, vraiment !). Alors forcément, dès qu’il y a plus de 3/4 groupes qui arrivent en même temps, circuler devient véritablement infernal.
Du coup, comme souvent dans les pays pauvres (n’ayons pas peur des mots, c’est le cas de la Bosnie-Herzégovine), dès qu’il y a un peu de tourisme, les commerçants locaux s’en donnent à coeur-joie. Mostar ne déroge pas à la règle.
Un exemple tout bête de ce qui m’est arrivé. Je voulais acheter une carte postale pour mon père. Juste une, hein. Je rentre dans une boutique, j’en sélectionne une qui me plait, et j’arrive pour payer le mec. Il me regarde, et me dit que le minimum pour acheter des cartes postales c’est d’en prendre 4. What ?! Je lui ai rendu sa carte postale et je me suis barré.
Globalement, je n’ai pas trouvé les locaux très aimables à Mostar. Cela dénote vraiment avec Sarajevo par exemple, où les habitants m’ont paru sympas et avenants. Ce manque d’amabilité s’explique probablement par l’histoire particulière de Mostar, mais quand même : un sourire, ça ne coûte rien…
A part le Stari Most, à Mostar, y’a pas grand chose à voir…
En fait, pour comprendre le pont de Mostar, il faut s’intéresser à la ville en elle même. Et la ville de Mostar, croyez-moi, c’est quelque chose…
> Une ambiance pesante dans les rues de la ville…
Dès mon arrivée sur place, j’ai senti cette tension latente. Comme si les gens s’épiaient, se méfiaient les uns des autres. Une atmosphère froide, glaçante, très particulière.
En tant que touriste, je n’ai pas été inquiété, ni ne me suis senti en réel danger à aucun moment. Mais il m’était impossible de ne pas remarquer cette ambiance lourde, pesante, dans la ville.
Sur le moment, je n’ai pas compris d’où ça venait. Mais quelques semaines plus tard, j’ai rencontré un français expatrié en ex-Yougoslavie depuis le début des années 2000, et je lui ai parlé de mon expérience à Mostar. Il m’a raconté que Mostar était aujourd’hui encore l’un des points les plus chauds dans les Balkans, une ville sous tension extrême entre communautés qui n’attendent qu’une étincelle pour en découdre à nouveau.
> Des bâtiments défoncés, glauques, marqués par les impacts des balles…
Si vous ajoutez à cela, des bâtiments dans la ville ‘neuve’ (par opposition à la ville historique) qui sont complètement délabrés, et pour certains encore en ruine suite aux combats (vous constaterez par vous-même), je peux vous garantir que l’ambiance à Mostar ne plaira pas à tout le monde.
Alors, c’est sûr : les touristes qui viennent se prendre en photo devant le pont ne ressentiront pas tout ça. Il faut, pour cela, sortir un peu des sentiers battus, explorer les faubourgs de la ville (très petite, je le répète). Il n’y a rien de spécial à voir, d’ailleurs, hors du centre historique, à part les abords de la rivière et la vue sur les montagnes. Mais il y a un côté vraiment intrigant à cette atmosphère, et j’aime « comprendre » les villes que je visite. D’où le rapport, sans cesse, à l’histoire récente.
Visiter Mostar depuis la Croatie, c’est possible ?
Si vous êtes à Dubrovnik pour 3/4 jours, vous pouvez sans problème passer la frontière et venir visiter Mostar le temps de la journée. Les deux villes sont distantes de moins de 130km, (comptez environ 3 heures en voiture, un peu plus en bus). Pas besoin de dormir sur place, de toute façon le soir la ville est déserte.
Pour info, la monnaie en Bosnie est différente de la monnaie croate. Mais il y a des bureaux de change partout dans Mostar, vous n’aurez pas de problème à échanger votre argent si vous voulez vous faire un petit restaurant, boire un verre, ou ramener un souvenir.
Pour rentrer en Bosnie, il n’est pas nécessaire d’avoir un visa, mais le passeport (valide) est obligatoire : vous aurez droit à un joli coup de tampon en passant la douane. En revanche, en Croatie, qui fait partie de l’Union Européenne, la carte d’identité suffit.
Cinq conseils supplémentaires pour votre visite de Mostar
> Ne portez aucun signe distinctif montrant votre appartenance à une religion
La tension est palpable dans les rues de Mostar. N’allez pas vous attirer des emmerdes en vous baladant d’un côté du pont avec les symboles de ceux de l’autre côté (oui, la ville est coupée en deux : chaque « ethnie/religion » a son côté, je ne sais plus si je l’ai déjà écrit). D’une manière générale, évitez à tout prix la religion et/ou la guerre dans vos sujets de conversation avec les locaux. On ne sait jamais comment les gens peuvent réagir.
> Une journée suffit largement pour tout voir
Et encore, une journée c’est si vous flânez vraiment. Ou que vous voulez visiter des mosquées ou des musées. Parce que le tour des trois ruelles du centre, ça prend moins d’une heure. Inutile donc de passer la nuit sur place, vous pouvez très bien arriver le matin et repartir le soir.
> Attention si vous décidez d’explorer les alentours : il reste des mines
Ne sortez surtout pas des sentiers battus quand vous explorez la campagne en Bosnie, en particulier quand vous êtes proche des frontières. Des mines ont été déposées pendant la guerre, et un grand nombre d’entre elles sont encore là, prête à vous arracher un bout de jambe si vous avez le malheur de poser le pied dessus. Souvent, il y a des panneaux indiquant leur présence, mais ce n’est pas systématiquement le cas. Ne prenez aucun risque : les accidents sont fréquents !
> Le meilleur spot pour photographier le pont est au bord de la rivière, en contrebas
Ou alors, éloignez-vous encore un peu jusqu’à rejoindre le pont pour voiture. De là, vous aurez une chouette vue aussi, et aucun touriste pour vous gâcher le plaisir.
> Si vous dormez sur place, choisissez un logement proche de la vieille ville
Mostar est une petite ville, et même si vous résidez en dehors de la vieille ville, vous ne serez jamais à plus d’une vingtaine de minutes de marche du centre.
En revanche, de nombreux quartiers ne sont pas éclairés la nuit et peuvent vraiment être glauque une fois le soleil couché : des tags partout, des bâtiments en ruine, parfois des gens un peu chelou qui traînent… C’est la ville des Balkans où je me suis senti le plus en insécurité (ça reste relatif, c’est pas Paris non plus hein, mais comparé au reste des Balkans, ça dénote clairement). Pour pouvoir être tranquille et flâner autour du vieux pont à la nuit tombée, restez près du centre !
Voici enfin le récit de mes galères à Mostar :
Je vous en parle depuis les premières lignes de cet article, le voici : le récit de mes emmerdes à Mostar. Rassurez-vous, rien de grave ne m’est arrivé. Simplement des galères avec le logement (et le propriétaire). Voici les explications.
J’avais réservé, sur Airbnb, une annonce qui me paraissait un bon rapport qualité-prix. Sauf qu’en arrivant dans les lieux, moi et ma copine, on se rend compte que l’appartement n’avait pas été nettoyé. Il y avait une odeur écœurante dans tout l’appartement, des poils et des cheveux dans les draps, et la cuisine était absolument immonde : de la vaisselle sale partout, des morceaux de nourriture par terre, les portes des placards étaient toutes collantes et toutes grasses, c’était véritablement dégoûtant.
De plus, cela ne se voyait pas sur les photos lors de la réservation, mais l’appartement sert de dépotoir aux propriétaires : il y avait un frigo qui trainait dans l’entrée et une « carcasse » d’ordinateur dans la chambre, sans mentionner les nombreux canapés et fauteuils déposés un peu partout en dépit du bon sens (au moins, ceux-ci étaient visibles sur les photos, ça aurait dû me mettre la puce à l’oreille…).
Un logement dégueulasse et glacial…
Mais la cerise sur le gâteau, c’est surtout que l’appartement n’était pas chauffé. Les nuits sont froides à Mostar en octobre, et on a dû dormir dans un logement de 60m² sans autre chauffage qu’un petit radiateur d’appoint que nous avons branché dans la chambre, au pied d’un lit inconfortable au possible, avec des bouts de ferrailles qui nous rentraient dans le dos.
La salle de bain était glaciale, nous n’avons pas pu l’utiliser : c’était impossible de se déshabiller dans des conditions pareilles. On n’a pas non plus mis les pieds dans le salon ou la cuisine (de toute façon, celle là, vu comment elle était dégueulasse, même sans le froid de l’appartement, je n’y aurais pas touché même avec des gants).
Pas possible de continuer le séjour dans ces conditions : dès le lendemain, on a pris nos affaires et on est parti, en annulant la suite de notre réservation auprès de Airbnb, quitte à s’attirer les foudres du propriétaire (qui nous a bien fait culpabiliser de partir…). De toute façon, c’était clair : notre seul objectif à ce moment était de rallier Dubrovnik au plus vite, pour un séjour de meilleure qualité.
Ce moment flippant où le propriétaire te suit en douce dans la ville…
Le pire, dans l’histoire, c’est qu’en quittant le logement, on s’est rendu compte que le propriétaire nous suivait en douce jusqu’à la station de bus, avec une casquette sur la tête, genre ‘discret’ ! J’imagine qu’il voulait vérifier qu’on n’allait pas se rendre chez un Airbnb concurrent (je me demande ce qui se serait passé si ça avait été le cas…).
Quand il a remarqué qu’on l’avait grillé, il est venu nous voir en disant « je vais à Sarajevo, mon bus part dans 10 minutes« . Avec ma copine, on a rit jaune : le mec a besoin de venir se justifier auprès de nous de circuler dans sa propre ville. Quand notre bus a quitté la gare routière de Mostar, longtemps après les fameuses dix minutes du départ de son soit-disant bus, il était là, à veiller qu’on parte. Froid dans le dos.
Voilà, c’était l’histoire de mon séjour à Mostar !
Je suis conscient que ça ne représente pas forcément très bien la ville, et qu’en tombant sur un logement normal (et un propriétaire normal), j’aurais probablement apprécié la ville davantage.
En tout cas, que cela ne vous empêche pas de vous y rendre : le centre historique est vraiment mignon, et le pont vaut définitivement le coup d’oeil.
Je vous souhaite un bon séjour si vous vous rendez dans les parages. Et n’oubliez pas de passer à Sarajevo, c’est une ville vraiment atypique qui mérite le détour !
Jérémy.