Dans cet article, je vais vous parler de ma vie d’avant. De ce que je faisais avant le 15 juin 2011, la fameuse date où j’ai quitté définitivement le monde du salariat pour prendre mon envol (au sens figuré comme au sens propre). Et vous allez voir que j’ai énormément voyagé grâce à ce job, aussi surprenant que cela puisse paraître.
Vous êtes prêts pour des révélations ? Alors c’est parti : flashback !
Avant Roadcalls, donc, j’étais sage : je bossais comme journaliste pour une petite chaîne de télé locale, en Normandie.
Et avant ça, j’étais un peu moins sage : j’étais journaliste sportif pour un club de foot pro. Le Mans, si y’a des fans parmi vous (comment ça on me dit que non ?).
Notez que l’idée de cet article m’a été soufflée par Bwin, pour son événement « ces sportifs qui vous inspirent ». Merci à eux d’avoir pensé à moi, car c’est l’occasion pour moi de plonger dans des souvenirs qui me paraissent déjà si lointains.
Mon premier job était déjà le job de mes rêves :
En fait, entre septembre 2008 et novembre 2009, j’ai réalisé mon rêve d’enfance : vivre au coeur d’une équipe de ligue 1. Passer une saison avec des pros, comme si j’étais moi-même joueur.
Mon rôle était simple : alimenter la chaîne télé du club. Mes journées : suivre les joueurs partout ! Sur et en dehors des terrains, à l’entraînement, en déplacement, bref, marquage à la culotte, comme on dit dans le jargon.
Je ne me suis pas vraiment fait d’amis parmi les joueurs, et on peut les comprendre : avoir une caméra et un micro braqués sur eux en permanence, ce n’est pas toujours marrant. Mais on me payait pour ça, et moi j’étais vachement content d’être où j’étais. Alors je le faisais.
Ceci dit, j’ai eu l’occasion de beaucoup échanger avec eux, en particulier avec les joueurs étrangers (africains bien sûr, mais aussi sud-américains, d’Europe du Nord et de l’Est, notamment Norvège et Géorgie). Cette période m’a permis de comprendre un truc : contrairement aux clichés véhiculés à longueur de temps, les joueurs de foot sont loin d’être tous aussi stupides que Frank Ribéry.
Un bon paquet d’entre eux sont comme tout le monde : ni plus bête ni moins bête que la masse. Et certains sont même des gars particulièrement intéressants et cultivés. Ils parlent 3, 4 ou 5 langues, connaissent des tas de cultures différentes à force de voyager partout, et s’intéressent à des sujets aussi variés que l’art ou la philosophie.
J’ai découvert le monde à travers leurs mots :
Avec le recul, je pense que c’est à cette période que j’ai vraiment pris conscience des différences culturelles entre les peuples. J’avais sous les yeux des gamins venus de Guinée ou des quartiers pauvres d’Abidjan, et d’autres à peine plus âgés, ayant reçus une excellente éducation dans l’opulente Norvège. Il me suffisait d’ouvrir la bouche et poser une question à n’importe qui pour l’entendre parler de son pays et en apprendre sur son peuple, son mode de vie, sa façon de penser, d’agir, de concevoir le monde.
Ce n’est pas la grande histoire que j’ai appris à cette occasion, mais plein de petites histoires venues des 4 coins du globe. Des conneries que faisait l’un dans son village natale en Côte d’Ivoire, la vie dans les beaux quartiers du Brésil pour l’autre, j’en passe et des meilleurs.
Petit à petit, je dressais un tableau mental de chaque coin du globe. Un tableau qui ne ressemblait en rien à ce que je pouvais entendre dans les grands médias.
Je me rappelle d’un joueur qui me parlait de la Géorgie dans son français approximatif. J’imaginais un pays ravagé par la guerre et la pauvreté. Sauf que sa réalité était toute autre : il jouait au foot devant la maison de ses parents avec les copains de son village, il partait se promener en famille dans les montagnes pas très loin. Il apprenait le piano avec une vieille dame dans une maison voisine (et il en jouait sacrément bien, j’ai pu le constater plus tard !).
Bref, je voyageais déjà en les écoutant parler.
Et puis, je me suis mis à voyager pour de vrai.
Pas très loin évidemment, et pour des périodes très courtes. Mais dans tous les coins de l’hexagone.
Des vols en jet privé partout en France :
Pendant plus d’un an, je prenais l’avion une fois par semaine en moyenne. Des vols privés, réservés par le club pour les déplacements de l’équipe. J’étais intégré au staff : on m’affublait des tenues du club et je me mêlais à eux. Pendant les déplacements, je devais recueillir les ‘insides’, capturer des moments de vie entre les joueurs. Intéragir avec eux et les faire réagir devant la caméra.
J’ai vu Marseille et son vieux port. Monaco et ses palaces, Grenoble et ses montagnes. J’ai vu les reliefs de l’Est, Toulouse, Bordeaux, Lorient. Et bien sûr Paris, que je ne connaissais pas encore et que j’ai découvert pour la première fois lors d’un match au Parc des Princes.
Je ne pouvais pas vraiment visiter les villes, soyons clair. Sortir avec les couleurs d’un club ‘ennemi’ n’était pas très recommandé. Je l’ai fait pourtant quasiment à chaque fois, quand nos hôtels étaient relativement centraux (ce qui me permettait d’éviter les transports en commun et les risques de me perdre – j’avais rarement plus de deux heures devant moi).
Je suis passé à côté d’une expérience fantastique en Afrique :
Un jour, mon chef est rentré dans mon bureau et m’a dit « Jérémy, t’es à jour dans tes vaccins ?« .
– « Euh, oui, enfin je sais pas, pourquoi ? » – « Parce que cet hiver, je t’envoie suivre la Coupe d’Afrique des Nations avec la sélection de Guinée« .
Je peux vous dire que j’en menais pas large. Le Jérémy qui n’avait alors jamais été plus loin que la Belgique, il faisait pas le malin à l’idée de se retrouver au milieu de l’Afrique noire, à des milliers de kilomètres de tous ses repères occidentaux.
Malheureusement, on n’a pas réussi à se mettre d’accord sur les modalités avec la sélection guinéenne et je ne suis pas parti avec eux. Soulagé sur le moment, je regrette aujourd’hui cette occasion manquée de découvrir l’Afrique.
J’ai aussi eu l’occasion de rencontrer l’équipe nationale de Corée du Nord, et de vivre un après-match avec eux dans les coulisses. L’ambiance entre les joueurs était juste surréaliste. Des journalistes du monde entier étaient venus suivre la rencontre amicale (face au Congo si ma mémoire est bonne) et assister à l’une des rares représentation publique de cette drôle de nation.
Si un jour j’écris un bouquin sur le sujet, j’aurais de quoi raconter un paquet d’anecdotes.
Pour le moment, je m’arrête là, car je suis limite hors-sujet avec ce que j’ai l’habitude de publier sur Roadcalls. Mais j’avais envie de partager avec vous une partie de mon parcours, et sur ce qui m’a poussé à aujourd’hui vivre sur la route, à la découverte du monde.
Bien sûr il y a eu d’autres événements, ensuite, qui ont motivés mon changement radical de mode de vie. J’en parlerai dans d’autres articles.
Jérémy