Dans les lignes qui suivent, je vais tenter de répondre à la délicate question qu’un lecteur m’a posé via la page Facebook du blog : peut-on encore voyager partout dans le monde aujourd’hui en 2015 ?
Dans un ancien article, j’expliquais que la plupart des dangers pour un voyageur ne sont pas les attentats terroristes, les kidnappings ou les révolutionnaires sanguinaires, mais les petites arnaques du quotidien, et tout bêtement les accidents de la route (ceux qui ont mis les pieds en Asie, en Afrique ou ailleurs, comprendront de quoi je parle).
Je répète également à volonté que parmi les pays que j’ai visités, celui où je me sens le plus en insécurité, c’est en France. Et pour avoir souvent débattu de la question avec d’autres voyageurs, on est pratiquement toujours tombé d’accord : le RER parisien est plus angoissant que le métro de Bangkok ou les ruelles de Riga. Même à la nuit tombée.
En fait, c’est exact à la condition, justement, de ne pas se rendre dans les pays vraiment dangereux. La question qui se pose alors est logique : c’est quoi le danger ? Où se situe t-il ? J’y réponds dans une seconde, juste après ceci :
C’est un fait : le tension monte, le climat s’électrise
Il y a quelques années, le monde était encore relativement sûr. Les témoignages de voyageurs ayant traversé des pays comme l’Irak, l’Afghanistan ou le Pakistan sans être inquiétés étaient encore nombreux.
Mais force est de constater que le monde a changé. En mal. Là où régnait la paix, la terreur s’installe. Là où les gens vivaient paisiblement, ils ont pris les armes et leurs cœurs se sont remplis de haine. Des pays qui étaient encore sûrs il y a quelques mois sont devenus des destinations à risque. Des fous de Dieu ont décidé de se lancer en croisade contre tous ceux qui ne pensent pas comme eux. Et leurs rangs grossissent de jours en jours.
La Terre est devenue une place dangereuse. Et la dynamique ne tend pas à l’amélioration.
Alors bien sûr on pourrait réagir en bisounours. Se dire que ces tarés ne représentent qu’une infime minorité des pays desquels ils viennent. Que 90%, 95% voire plus de leurs habitants sont des gens gentils, bienveillants, prêts à donner de l’amour au premier gringo venu.
Pourtant, il ne se passe pas une semaine sans que des touristes se retrouvent en danger. Hier encore, en Tunisie, une vingtaine de voyageurs se sont fait assassiner alors qu’ils visitaient un musée. En Tunisie ! Pas en Afghanistan ! C’est à dire un pays touristique réputé sûr, à deux pas de chez nous.
Avant cela, on se rappelle tous du malheureux Hervé Gourdelle, parti pour un trek en Algérie, qui laisse derrière lui femme, enfants et amis. Sans compter les innombrables histoires d’humanitaires enlevés en Afrique (je cite la dernière de mémoire : Claudia Priest enlevée par des milices centrafricaines), dont le sort reste aléatoire. Et des attentats partout : au Kenya, au Niger, au Mali, et j’en passe.
Les gens de cette planète deviennent de plus en plus méfiants les uns envers les autres. Toute différence est prétexte à questionnement, suspicion, stigmatisation.
Le monde devient fou. Le monde devient dangereux. Et m’est avis que ça empirera dans les années à venir.
J’ai une liste noire de pays où je ne mettrais jamais les pieds :
Pour ma part, j’ai pris un parti très clair dès le départ : je ne mettrais jamais les pieds dans les destinations que je juge dangereuses. Ou dont les idéologies sont contraires à mes propres opinions.
Je n’irais jamais en Afghanistan tant que des fous de Dieu sillonneront le pays, au risque de me prendre une balle entre les deux yeux pour une raison complètement arbitraire.
Je n’irais jamais en Arabie Saoudite tant que les femmes n’auront pas le droit de conduire une voiture et seront forcées de porter un grillage devant leurs yeux.
Je n’irais jamais au Qatar tant qu’ils feront construire leurs stades de foot par des esclaves népalais et qu’ils financeront le terrorisme.
Peu importe si l’immense majorité des afghans, saoudiens ou qataris sont des gens adorables, gentils et accueillants.
Peu importe si des backpackers plus malins que les autres me prennent de haut en me disant que je suis un « faux voyageur » et que je ferais mieux de me contenter de mettre les pieds au Club Med.
Pour moi, le voyage est un plaisir, un loisir. Si je dois être constamment sur mes gardes, je ne m’amuse pas, je ne suis pas détendu, et mon voyage est gâché. Et la liste des pays où il faut être sur ses gardes ne cesse de grandir. Même la Suède a eu droit à sa fusillade probablement djihadiste, hier soir, dans un bar de ma chère Göteborg (c’est dans les médias suédois que j’ai vu l’info passer, les journalistes français n’ayant même pas pris la peine de relever le drame).
Il y a ceux qui recherchent l’adrénaline… et il y a ceux qui veulent simplement passer du bon temps :
Je ne suis pas à la recherche d’adrénaline, je ne suis pas un de ces casse-cous prêt à faire n’importe quoi pour braver les dangers et flirter avec la mort. Hors de question que je prenne le moindre risque. Je ne veux pas qu’un matin, mes parents se réveillent et voient ma tronche à la télé dans un costume orange, à genoux, tenu en joue par un gamin de 8 ans armé d’une kalash.
Le risque est infime. 0,0001%, peut-être. Mais il existe. Et je ne le prendrais pas. Quitte à passer à côté de paysages somptueux, de gens adorables, de culture millénaires et de rencontres inoubliables.
J’ai la chance d’être né en France. Mon passeport me permet de me rendre dans 99% des endroits de cette planète. Alors pourquoi aller dans des pays dangereux ? Dans des pays contrôlés par des brutes sanguinaires, totalement opposés à ce que j’estime être le ‘bien’, tout en étant conscient que mon jugement est subjectif.
Il y a assez de pays à visiter, assez de gens à rencontrer, assez de lieux à découvrir partout sur terre, pour que je n’aille pas me mettre en danger inutilement, simplement pour obtenir l’étiquette ‘aventurier’ et pouvoir me la raconter sur Instagram avec des photos dignes d’un reporter de guerre.
Il y a des gens prêts à le faire. Il y a des gens qui me jugeront avec condescendance en me disant « pff, tu racontes de la merde, le Pakistan c’est génial !« . Je ne dis pas qu’ils ont tort. Peut-être que si je m’y rendais, je passerais un séjour fantastique. Simplement, j’ai mes limites. Et je m’y tiens.
Alors, peux-on encore voyager partout en 2015 ?
Et bien oui, malgré tout ce que je viens de dire, on peut encore voyager à peu près partout en 2015.
A l’heure où j’écris cet article, il n’y a peut-être que la Syrie qui soit officiellement interdite aux ressortissants français (quoi que…). Mais techniquement parlant, vous pouvez encore aller absolument partout sur Terre. Même en Corée du Nord si vous vous y prenez bien (je connais un américain qui s’y est rendu en 2013).
En fait, tout dépend d’où vous placez votre curseur ‘danger’.
Certaines personnes considèrent l’Europe de l’est comme dangereuse. Où la mafia russe risque de nous kidnapper pour revendre nos organes sur le marché noir. Je connais des gens qui ont juré de ne jamais mettre les pieds en Hongrie après avoir entendu une affaire comme ça.
Pourtant j’ai visité la Hongrie, et mes reins vont très bien.
Tout dépend de la dose d’adrénaline que vous êtes prêt à affronter, du danger que vous êtes prêt à courir, et des conséquence que vous êtes prêt à faire subir (à votre entourage, mais aussi à votre pays et à l’ensemble de vos compatriotes dans le pire des cas).
Tout dépend de votre degré de tolérance vis à vis des cultures et des idéologies différentes de la votre. J’imagine que cela ne posera aucun problème à certains de se rendre aux Maldives, même si la charia la plus stricte y est appliquée (notamment la peine de mort pour les enfants de 8 ans, la lapidation des femmes, ce genre de chose). Pour ma part, j’ai posé une limite. Quitte, encore une fois, à passer à côté d’endroits merveilleux.
Le monde est-il vraiment si dangereux ?
La réalité, c’est que la planète n’est pas si dangereuse que ça pour un individu isolé. Si vous allez au Pakistan ou au Niger, vous n’allez très probablement pas finir comme chair à canon dans un attentat à Karachi, ou vous retrouver massacré par les milices de Boko Haram.
Vous allez même certainement rencontrer des gens fantastiques et passer un séjour inoubliable.
Mais vous prenez un risque.
Tout comme vous prenez un risque quand vous sortez chercher du pain, quand vous traversez la rue, quand vous montez dans un bus ou quand vous restez tranquillement chez vous devant la ligue des champions.
Car oui, grande nouvelle : vivre, c’est risqué.
A vous de savoir jusqu’où vous êtes prêt à aller.
Et si vous êtes comme moi et que vous vous contentez avec grand plaisir des 90% de pays où tout va bien, je vous invite à découvrir les 110 arnaques les plus courantes en voyage dans cet article là.
Bonne lecture !
Jérémy.