Le Portugal a une saveur particulière pour moi. C’est le premier pays où je me suis rendu seul. C’était en 2011, et je peux vous dire qu’avant de partir, je ne faisais pas le fier.
Ma plus grosse difficulté allait concerner la barrière linguistique. Les portugais ne parlent pas un mot ni d’anglais ni d’espagnol, les deux langues que je maîtrisais à peu près lors de mon voyage là bas, et je ne connais évidement pas le moindre mot de portugais. En partant, j’avais peur que cette barrière me limite dans mes rencontres et dans mes interactions avec les gens. Finalement, vous allez voir que tout s’est parfaitement déroulé, bien au-delà de mes espérances.
Tout a commencé par un clin d’oeil de la vie : je me rendais à l’aéroport de Beauvais en stop depuis chez ma soeur, qui habitait à quelques kilomètres des terminaux à l’époque. Au bord de la nationale, dans le brouillard matinal d’octobre, je n’avais pas levé le pouce plus de 10 minutes qu’une Citroën blanche s’arrêtait et son conducteur décidait de me déposer juste devant le terminal.
La première chose que j’ai remarquée ? Le jeune couple qui m’avait dépanné avaient accroché un fanion au rétroviseur de la voiture. Un fanion représentant le drapeau du Portugal. Si ça ce n’est pas un signe, je ne sais pas ce que c’est !
L’itinéraire de mon roadtrip portugais : deux semaines, 4 villes :
J’avais deux semaines sur place. Comme je déteste devoir speeder et que j’avais vraiment envie de prendre mon temps pour découvrir chacune des villes où je passerai, j’ai dû faire un choix : me concentrer soit sur le nord du pays, soit sur le sud. Ma règle en voyage c’est : ne pas aller où vont les touristes. J’ai donc fait une croix sur l’Algarve (le sud touristique) pour me concentrer plutôt sur le nord et le Portugal ‘montagneux’, épargné par les hordes d’allemands rougeauds et de britanniques bedonnants.
Première étape de mon roadtrip : Porto
J’ai commencé mon roadtrip au Portugal par la découverte de Porto. Je dois vous dire que j’ai eu un véritable petit coup de coeur pour cette ville. Elle correspond exactement à ce que je recherche : à taille humaine, en bord de mer, active et dynamique. Pour couronner le tout, son centre historique est vraiment charmant et j’ai pris un réel plaisir à déambuler le long du fleuve, à siroter des jus de fruits sur les berges aménagées.
J’ai eu aussi la bonne surprise d’avoir un hôte en Couchsurfing qui parlait parfaitement le français (et pour cause, il l’enseignait aux jeunes portugais !). Il a été le meilleur guide possible de Porto, m’a montré les lieux oubliés par les touristes et m’a fait découvrir la spécialité locale : la francesinha (sorte de croque-monsieur baignant dans de la sauce tomate, malgré toute ma bonne volonté, j’ai trouvé ça infâme !).
Il y a quelques années, j’ai écrit cet article sur ma visite de Porto. Allez le découvrir si vous voulez en savoir plus !
Seconde étape du voyage : Chaves
Ensuite, j’ai décidé de fuir la grande ville pour m’évader dans les montagnes, à la découverte de la petite ville thermale de Chaves, au nord-est du pays, à quelques encablures seulement de la frontière espagnole.
J’avais lu dans le Routard un très bon avis sur cette petite bourgade et je m’étais mis en tête d’aller la visiter. Mon hôte à Porto me disait pourtant qu’il n’y avait pas grand chose d’intéressant, là haut. Il avait raison : en arrivant à Chaves, j’ai réalisé que j’allais vite m’ennuyer. Cela sera la première vraie leçon de mes années sur la route : les locaux savent mieux que les guides de voyage (que j’ai arrêté d’emmener depuis).
Après avoir fait 3 fois le tour de la ville, j’en ai eu marre et j’ai décidé d’attendre les trois jeunes femmes qui m’hébergeaient en Couchsurfing dans un bar, sur une petite place où des gamins jouaient au foot.
En franchissant la porte, je suis interpellé par une langue que je comprends : c’est le clip de Renan Luce qui est diffusé par la télévision du bar. Marrant, me dis-je, d’être à l’autre bout de l’Europe et de voir que la culture de mon pays me suit jusqu’ici.
Je choisis une table, pose mon sac, et me dirige vers le comptoir. Un large choix de pâtisseries s’offre à moi. Je tente de commander avec le maigre vocabulaire portugais appris à Porto. Le patron du bar me regarde en rigolant et me sort : « Toi, tu es français ! Bienvenue à Chaves ! Qu’est ce que je te sers ?« , avec un accent bien parisien.
J’en ai la mâchoire qui tombe. Le patron se marre. Je me marre aussi, sous l’effet de surprise. Et puis on discute.
Il m’explique avoir vécu 30 ans en France avant de rentrer dans son pays d’origine et ouvert ce bar. Je lui prends un Iced Tea, puis un deuxième, jusqu’à l’arrivée de mes hôtes. Il me chambre en français quand il voit les 3 jeunes portugaises, habillées en working girl élégantes (elles sortaient d’un séminaire ou un truc du genre), se diriger vers moi et m’embarquer avec elles. « Amuse toi bien« , qu’il me lance en s’esclaffant alors que je franchis la porte de son bar.
A la découverte de Coimbra
De Chaves, je suis descendu jusqu’à Coimbra, une ville étudiante ultra dynamique, où j’ai rencontré un troupeau de brésiliens adorables, participé sans le savoir à une manif des Indignés, dégusté des mojitos sur une terrasse ombragée et visité l’une des plus vieilles universités d’Europe, digne d’Harry Potter.
Sincèrement, je ne me rappelle plus de grand-chose sur Coimbra. Je me souviens avoir marché le long d’un vieil aqueduc datant de l’empire romain (ou pas, mais c’est ça que ça m’inspire). D’une ruelle étrange qui part sur la droite de la rue principale de la ville, donnant l’illusion que le bâtiment à l’angle est aussi fin que du papier à cigarettes. Je me rappelle qu’il y avait des fourmis partout dans l’évier chez mon hôte et que j’ai trouvé ça dégueulasse.
Mon hôte, d’ailleurs, parlait lui aussi extrêmement bien français pour avoir vécu à Bordeaux plusieurs années.
Je commençais à sérieusement fatiguer : j’ai fait la fête quasiment tous les soirs depuis mon arrivée au Portugal, et je n’ai pas toujours très bien dormi (surtout à Coimbra où je partageais la chambre de mon hôte, qui ronflait comme un camionneur !).
Bref, 3 jours après mon arrivée dans cette chouette ville universitaire, j’ai repris mon baluchon et me suis dirigé vers Lisbonne, dernière étape de mon roadtrip.
Dernière étape de mon roadtrip portugais : Lisbonne, l’éternelle
Ah, Lisbonne. Je dois bien dire que je ne savais pas trop à quoi m’attendre : habituellement je n’aime pas les capitales, je cherche même à les fuir. Lisbonne est pourtant une ville à taille humaine (comme j’aime), en bord de mer (comme j’aime aussi), et surtout elle est chargée d’histoire.
Pour tout vous dire, j’ai visité Lisbonne en 3 jours, mais j’y serais volontiers resté 3 semaines !
Lisbonne m’a fait rêver, en flânant dans ses ruelles, passant d’un quartier à l’autre. Son vieux tram jaune m’a fait voyager dans le temps, tout comme la Tour de Belem, dont je raconte ma visite dans un ancien article du blog (par ici).
Et puis, le quartier de l’Alfama. Ses ruelles escarpées, ses odeurs de poissons frits, ses vieilles dames en longues tuniques à fleurs qui regardent passer la vie sur le perron de leurs petites maisons blanches.
J’ai adoré m’y ballader, m’y perdre.
Quand j’y repense, ce quartier de Lisbonne est sûrement l’un des endroits ‘citadins’ que j’ai préféré, tous lieux confondus sur cette planète.
Et puis il a fallu repartir. Rentrer. J’ai repris les transports jusqu’à Porto, où j’ai fait la connaissance de deux serbes absolument géniaux, avec qui j’ai écumé les bars de la ville jusqu’à plus soif. Puis j’ai repris l’avion, je suis rentré en France, et avant même de défaire mon sac à dos, j’avais réservé un nouveau vol pour continuer d’explorer notre beau continent européen.
La logistique : comment se déplacer lors d’un roadtrip au Portugal
Je vous recommande d’emmener avec vous cette édition du guide du Routard du Portugal. Très bien fait, très complet (ce n’est pas toujours le cas pour d’autres destinations), il a été mon compagnon de voyage idéal pendant mon séjour.
Vous avez plusieurs options en fonction de vos envies et de votre itinéraire.
Ce que j’ai fait, c’est simple : avion de Beauvais à Porto pour une 40aine d’euros (aller-retour, oui oui ! Passez par ce site !), puis bus entre les villes. Les connexions routières sont bonnes au Portugal, et les tarifs sont raisonnables (de mémoire, en 2011, j’avais payé 15€ mon Lisbonne – Porto).
L’inconvénient, c’est quand on veut s’éloigner des grandes villes et explorer la campagne. Car du coup, lors de ce roadtrip, j’ai surtout découvert le Portugal citadin, bien que je me sois fait une petite escapade ‘campagne’ (encore que…) avec Chaves.
Si vous voulez être libre de découvrir les petits villages perdus au milieu de la campagne portugaise, alors je vous recommande de vous déplacer en voiture.
Ceci dit, partir de France avec sa propre voiture, si on n’habite pas le sud-ouest, ça peut faire un sacré trajet (ou alors il faut avoir du temps et/ou vouloir découvrir pourquoi pas l’Espagne au passage).
Dans ce cas, il peut être intéressant de louer directement sur place auprès d’une agence de location de voitures (qui, en plus, proposent de récupérer et déposer les véhicules directement aux aéroports, c’est pratique !).
Alors je sais que ça peut faire flipper de conduire à l’étranger, mais quand on veut découvrir un pays de l’intérieur sans dépendre des transports en commun c’est la seule solution. Si ça vous intéresse, je vous invite à lire cet article sur la conduite au Portugal. Rédigé par BSP-Auto, il explique les règles et les habitudes de conduite des portugais, qui peuvent parfois légèrement différer des nôtres (par exemple l’obligation d’allumer les feux de croisement même en pleine journée sur certaines autoroutes).
L’inconvénient de louer sur place, c’est qu’on se retrouve avec une plaque d’immatriculation portugaise. Donc les voitures qui nous suivent sont moins attentives à nos éventuelles erreurs. Alors qu’avec un voiture immatriculé en France, les gens savent qu’on ne connaît pas le trajet et qu’on peut faire des changements de direction de dernière minute (bref ils anticipent qu’on va conduire comme des pieds, quoi !).
Sinon, si vous avez le temps et que vous souhaitez faire des économies, vous pouvez aussi faire un roadtrip à vélo. J’ai un ami d’enfance qui a fait ça récemment avec sa chérie à travers le Portugal, et visiblement ils en sont revenus enchantés !
Comment se loger au Portugal
J’ai tout fait en Couchsurfing, sans réelle difficulté pour trouver mes hôtes, surtout dans les petites villes. A Lisbonne, j’avais eu un peu plus de mal mais rien de comparable avec les galères que l’on peut connaître à Londres ou dans d’autres mégalopoles.
Si vous voulez ne rien dépenser (ou presque) en logement, tout en faisant de belles rencontres, alors le Couchsurfing est une super expérience que je vous incite à tester lors de votre prochain trip.
Avec mes 3 hôtes en Couchsurfing, qui m’ont fait découvrir leur petite ville de Chaves !
Si l’idée de dormir chez des inconnus vous effraie, alors tournez vous vers les classiques auberges de jeunesse. On en trouve de très bien partout dans les centres des grandes villes pour une douzaine d’euros la nuit en dortoir. Perso je sais que je dors mal dans ce genre d’endroits : y’a toujours des gens qui rentrent tard complètement bourrés (ou qui se lèvent aux aurores pour prendre leur avion), et qui réveillent tout le monde au passage (cf cet article).
La dernière solution, qui est celle que j’utiliserai aujourd’hui, c’est de louer un petit appart’ via Airbnb ou un de ses concurrents.
Le coût de la vie étant en notre faveur, il est facile de trouver un logement entier très agréable, dans des quartiers centraux, pour un tarif plus qu’abordable (plus cher à la nuitée qu’une auberge, on est d’accord, mais aussi tellement plus confortable !).
L’inconvénient d’Airbnb c’est qu’on ne fait pas de rencontres, contrairement aux deux solutions précédentes.
Le coût de la vie au Portugal
J’en parlais un peu plus haut, le coût de la vie au Portugal est vraiment abordable pour nous autres, français.
A Porto, une bière coûte entre 1€ et 1,50€ suivant les quartiers. Un bon repas au restaurant se chiffrera autour de 7/8 euros maximum par personne. Les nuits en auberge tourneront entre 10 et 15€ suivant le nombre de lits dans le dortoir.
Et les courses alimentaires sont vraiment bon marché, je dirais à vue de nez dans les 30% moins cher que chez nous (attention, je ne suis pas retourné au Portugal depuis 2011 et ça a probablement évolué depuis).
Vous partez quand ?
J’espère que ce récit de voyage au Portugal vous aura donné envie d’aller découvrir ce beau pays. Le seul petit bémol que j’émettrais concerne la langue : dommage qu’il ne soit pas plus simple de converser avec les locaux à cause de leur méconnaissance des langues étrangères, même si certains, notamment les anciens, ont souvent de bonnes notions de français.
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