« Wow, mais tu dois grave gérer en anglais alors !« . Cette phrase, je l’entends une fois sur trois quand j’explique aux gens (à des français, en l’occurrence) ce que je fais dans la vie (= voyager). Oui, car pour nous autres les latins, maîtriser une langue étrangère relève quasiment du miracle. D’ailleurs je reçois régulièrement des mails de lecteurs m’expliquant combien ils aimeraient partir en voyage, mais qu’ils ont peur car ils ne maîtrisent pas l’anglais (ni aucune autre langue).
Alors j’ai voulu faire un article pour mettre les choses au clair.
Est-ce que je gère grave en anglais ?
Tout est une question de perspective : pour un français, oui, je gère. Je peux tenir une bonne conversion sur à peu près n’importe quel sujet sans difficulté. Il me manquera quelques mots de vocabulaire par-ci par-là sur des trucs hyper spécifiques, mais globalement je comprendrais et m’exprimerais de manière fluide, pratiquement comme je le ferais en français.
En revanche, comparez mon anglais à celui d’un suédois ou d’un finlandais, vous pouvez me mettre un zéro pointé. Je fais des fautes, j’ai un accent frenchy à couper au couteau (certaines le trouveront heureusement sexy à souhait, héhé), et certaines tournures de phrases sont maladroites. Comparez mon anglais à celui d’un espagnol ou d’un cambodgien, je suis William Shakespeare.
Là où je veux en venir ?
La langue anglaise n’existe pas
Ok, j’y vais fort là, je l’admets. Ce que vous devez comprendre, c’est qu’il n’y a pas UNE langue anglaise, il y en a des tas. L’anglais de Londres n’est pas le même que celui de New-York. L’anglais parlé par John le pilier de bar au fin fond des Highlands d’Ecosse n’est pas le même que celui parlé par Bob le fermier australien. L’anglais de Jérémy le français n’est pas le même que celui de Rodrigo le chilien ou de Kim la coréenne.
En voyage, vous n’aurez pas souvent l’occasion de pratiquer avec un locuteur anglophone natif. Il y a statistiquement plus de chances que vous rencontriez quelqu’un dont l’anglais n’est pas la langue maternelle, et dont l’accent ne sera pas celui que l’on apprend à l’école ou qu’on entend dans How I Met Your Mother. Vos interlocuteurs feront des fautes et, bonne nouvelle, ils ne remarqueront pas forcément les vôtres.
En clair, tout le monde s’en fout de comment vous parlez l’anglais. Tant que vous arrivez à vous faire comprendre et que vous comprenez ce qui se passe autour de vous, c’est que tout va bien. Quitte à mimer ce dont vous avez besoin (et à faire rire tout le monde autour de vous).
Oui, un minimum d’anglais est souhaitable pour voyager
Je ne vais pas vous mentir : partir en voyage en solitaire sans rien connaître à l’anglais, c’est difficile. Vous vous rajoutez un challenge supplémentaire à un défi de vie qui est déjà complexe à mettre en place. Si vous ne parlez pas le moindre mot d’aucune langue, vous allez galérer davantage et surtout vous ne tirerez pas pleinement parti du voyage car il vous manquera tout l’aspect « rencontres / échanges humains » qui fait, à mon sens, au moins 50% de l’intérêt de voyager.
Si vous êtes dans cette situation, alors oui, je vous recommande vraiment d’apprendre au moins les bases de l’anglais avant de partir. Juste les bases. En un mois maxi, si vous êtes assidu, ça se fait sans problème. Le reste viendra sur la route, au fur et à mesure des rencontres et des discussions.
Quand je suis parti au Portugal lors de mon premier voyage en solitaire, en 2011, j’étais dans cette situation. Mes bonnes notes à l’école me faisaient penser que j’étais capable de me débrouiller en anglais. Tu parles. Impossible d’aligner trois mots consécutifs dans la vie réelle. Heureusement, les portugais que j’ai rencontrés étaient dans le même cas, tous incapables de parler autre chose que leur langue (enfin ce n’est pas tout à fait vrai, certains, notamment les plus de 40 ans, parlent un français excellent).
Comment j’ai appris l’anglais ? En voyageant !
Il y a deux méthodes pour apprendre l’anglais. La méthode encadrée : faire un stage intensif auprès d’un organisme formateur, de préférence en immersion à l’étranger avec d’autres personnes ayant la même optique que vous (= voyager). Si cette option vous intéresse, vous pouvez par exemple passer par Linguago dont le site se trouve ici : www.linguago.fr et qui vous permettra de trouver l’organisme adapté à vos besoins.
Sinon vous avez la méthode freestyle (celle que j’ai choisie sans le savoir) : regarder vos films et séries en VOSTFR (puis en retirant progressivement les sous-titres) et en vous confrontant à l’anglais autant que possible.
Vous pouvez par exemple vous rendre dans des meet-ups d’expats dans votre ville (ou des événements Erasmus) et commencer à pratiquer facilement. Et en parallèle, reprendre un bon vieux bouquin de grammaire et acheter quelques livres pour enfants (oui !) histoire d’apprendre facilement du vocabulaire.
Si cela vous intéresse, je pourrais écrire un article du genre « comment apprendre l’anglais tout seul » dans lequel je donnerai plein d’idées de ce genre pour y parvenir, mais dans un premier temps ces quelques conseils devraient vous aider pour progresser rapidement.
Ensuite, dès que vous vous sentez suffisamment en confiance pour partir, achetez un billet d’avion et filez découvrir la planète.
Conclusion : est-il nécessaire de parler anglais avant de partir ?
Ma réponse est non. Même si vous ne parlez pas un mot d’anglais, vous pouvez partir. Il y a de nombreux pays où les gens ne parlent pas cette langue et où, de fait, sa connaissance vous sera inutile (coucou la Thaïlande). Même dans les pays anglophones, vous pourrez toujours vous débrouiller sans parler un mot d’anglais. Mon père, qui est parfaitement bilingue français-français, a réussi à se faire un voyage de deux semaines, tout seul, en Angleterre et en Ecosse, en 2014. Et je peux vous dire qu’il était fier (et moi fier de lui) d’avoir réussi !
Néanmoins, pratiquer l’anglais est franchement recommandé si vous souhaitez rencontrer du monde, locaux comme voyageurs. Dans ce cas, faites une remise à niveau rapide et lancez-vous. Vous apprendrez sur le tas !
Cheers, my friends 🙂
Jérémy.