Dès qu’on cherche comment apprendre une langue sur internet, on tombe sur tout un tas de sites qui nous promettent de devenir bilingue en 1 semaine, de parler 8 langues en 3 mois, et d’autres conneries de ce genre (coucou B*bbel).
Si vous êtes comme moi, que vous avez déjà cherché à apprendre une langue étrangère par vous-même, vous vous êtes probablement rendu compte d’un truc : c’est hyper dur. Même les langues présentées comme simples pour nous les francophones, du style l’italien ou l’espagnol, ne sont pas maîtrisables avant un pratique intense et un apprentissage douloureux.
C’est ça la vérité : à part quelques surdoués capables d’enregistrer dans leurs cerveaux des centaines de nouveaux mots inconnus par minute (ce qui ne sera pas votre cas), apprendre une nouvelle langue est long, difficile, et demande un véritable engagement sur le long-terme (ce que peu de gens sont capables de faire, soyons honnête).
Oubliez donc tout ce que vous lisez à droite à gauche sur internet, oubliez le témoignage d’un grand roux barbu à casquette (si, je suis sûr que vous l’avez déjà vu) qui vous explique qu’il a appris 8 langues en 3 mois. Ce n’est PAS POSSIBLE.
Pourquoi je vous dis ça ?
Parce que si vous vous lancez dans l’apprentissage d’une nouvelle langue en pensant pouvoir devenir ‘fluent’ en trois mois, vous allez au devant d’une immense désillusion. Vous lirez partout sur la toile que c’est facile, que si vous n’y arrivez pas c’est parce que vous n’êtes pas persévérant, et autres conneries pour vous culpabiliser. Vous allez vous dévaloriser, vous rabaisser, vous considérer comme de la m*rde, et vous allez abandonner l’apprentissage de la langue en question.
Je le sais, parce que c’est exactement par ce processus là que je suis passé (et pas qu’une fois). Internet est rempli d’experts en tout genre qui promettent des résultats formidables sans efforts. Mais l’effort est un élément indissociable de la réussite, quelle qu’elle soit. Et apprendre une langue sans effort, désolé d’en décevoir quelques uns, c’est impossible.
Bref, pardon pour ce préambule un peu long : j’avais vraiment besoin de remettre les points sur les i avant d’écrire la suite de ce looong article. Maintenant que c’est fait, je vais pouvoir vous parler de mon expérience perso dans l’apprentissage des langues étrangères et vous donner tous mes conseils.
Mon expérience dans l’apprentissage des langues étrangères
Depuis que j’ai 12 ans, je suis fasciné par la possibilité d’apprendre une nouvelle langue. Dès que mon père a ramené internet à la maison, quelque part autour de 1999 (je vais passer pour un vieillard aux yeux de mes plus jeunes lecteurs, mais tant pis), je me suis inscrit sur des plateformes d’échanges de langues. Polyglot Learn Language, s’appelait le tout premier site où je me suis créé un compte (la version actuelle n’a vraiment plus rien à voir avec ce que c’était à l’époque). J’y ai trouvé ma toute première correspondante linguistique, pour apprendre le norvégien.
Ce qui m’excitait surtout, c’était le contact avec des sonorités nouvelles, car évidemment, à 12 ans, en habitant dans un trou paumé au fin fond de la Normandie, je n’avais pas besoin de parler norvégien (ni même quoi que ce soit d’autre que le français et un chouia de patois normand). Puis j’ai découvert le groupe de metal Nightwish et je me suis intéressé à la langue de leur pays d’origine : la Finlande.
En parallèle, évidemment, j’apprenais l’anglais à l’école, ainsi que l’espagnol en LV3. J’étais plutôt bon dans ces deux matières, sans pourtant travailler comme un dingue. J’étais plutôt du genre flemmard à l’école (ça n’a pas changé des masses, héhé), et je pense que c’est une excellente chose car ça m’a permis de développer des méthodes ‘parallèles’ d’apprentissage (des sortes de ‘hacks’, on va dire) dont je vais vous parler dans les paragraphes qui suivent.
A l’âge adulte, j’étais persuadé de bien me démerder en anglais. Jusqu’à être confronté à la réalité lors de mon premier vrai voyage à l’étranger hors cadre scolaire (un séjour à Oslo, en Norvège, justement). Arrivé là-bas, impossible d’aligner trois mots. Je ne comprenais rien et je n’arrivais pas à me faire comprendre. La claque a été violente : j’ai eu 14 au bac d’anglais, certes, mais je suis NUL. Zéro pointé.
Et comme le virus du voyage m’avait piqué, il fallait bien que je trouve une solution pour communiquer avec mes congénères lors de mes différents périples. Je n’avais donc pas le choix : il me fallait apprendre VRAIMENT à parler l’anglais.
Les principales difficultés que je rencontre dans l’apprentissage d’une nouvelle langue
Je saute plusieurs étapes pour arriver dans le présent. Je vous expliquerai comment je m’y prends pour apprendre des langues, ce qui marche et ce qui ne marche pas pour moi, dans quelques paragraphes. Avant ça, je veux juste vous faire un bilan de mes compétences linguistiques, histoire que vous puissiez en savoir un eu plus sur la personne que vous lisez actuellement.
> Mon apprentissage de l’anglais : sans difficulté
Aujourd’hui, je parle bien anglais, malgré un accent frenchy persistant. Il me manque du vocabulaire dans des domaines précis, je fais des fautes de grammaire, mais je suis ‘fluent’, je n’ai aucun problème à tenir une conversation, faire de l’humour, raconter des anecdotes, bref tout baigne.
Je n’ai jamais rencontré de grosses difficultés : j’ai fait rentrer l’anglais de manière complètement passive à force de voyager et de regarder mes séries en VOSTFR. Mais je ne partais pas de zéro : c’est mon background scolaire qui m’a permis de progresser en anglais sans effort, complètement passivement. Ce n’est pas possible de faire pareil quand on démarre une nouvelle langue en partant de rien du tout.
> Pour apprendre l’espagnol et l’italien : beaucoup de confusion
Ma maîtrise de ma seconde langue scolaire, l’espagnol, est restée globalement basique. Je me débrouille sans trop de difficulté pour les choses simples auxquelles je peux être confronté lors d’un week-end en Espagne, comme commander à manger/boire au resto, demander une direction, faire les présentations quand je rencontre quelqu’un, et comprendre le sens général des discussions autour de moi. Je comprends bien quand la langue est parlée proprement, mais j’ai du mal à m’exprimer correctement. Il me manque beaucoup de vocabulaire (parfois je tombe juste en ‘espagnolisant‘ un mot français).
Il en va de même pour l’italien, que j’ai appris tout seul comme un grand dans ma chambre, avec la méthode Assimil (bon, j’ai arrêté à la 40e leçon, faute de motivation : je reviendrai plus bas sur le inconvénients de la méthode Assimil). L’italien est une langue que je lis sans difficulté, que je comprends assez bien dans l’ensemble, mais où je n’arrive pas à exprimer autre chose que du très basique.
La proximité avec l’espagnol est une vraie difficulté pour moi, car je finis toujours par utiliser un mot d’une langue dans l’autre. Comme je préfère de très loin les sonorités de l’italien, j’en suis même arrivé à regretter d’avoir appris l’espagnol qui ne fait que m’embrouiller l’esprit.
Mes principales difficultés pour ces deux langues sont la spontanéité dans la prise de parole. Je m’embrouille continuellement en utilisant du vocabulaire italien en espagnol et inversement.
> Le suédois : impossible de trouver des gens avec qui pratiquer la langue
Ensuite, il reste deux langues où j’ai un niveau débutant : le suédois et le croate.
J’ai appris mes rudiments de suédois tout seul avec Assimil également, lorsque j’habitais dans le pays. Le problème, c’est que je ne pratiquais pas avec les locaux. Tous sont parfaitement bilingues en anglais, et dès que j’essayais de sortir deux mots dans leur langue, ils passaient à l’anglais, croyant m’aider.
Au début, je restais sur le suédois, puis au bout d’un moment, je passais à l’anglais aussi, juste parce que ça soulait tout le monde (moi inclus) de mettre 10 minutes pour commander trois bouts de pizza dans un restaurant. Au bout du compte, je n’ai pas persévéré, tombant dans la facilité d’utiliser l’anglais. Je dois avoir un niveau oscillant entre le A1 et le A2 en suédois, autant dire que je ne vais pas bien loin.
> Les déclinaisons et la grammaire : cause principale de ma difficulté à apprendre le croate
Pour le croate, suite à l’échec de l’italien et du suédois, j’ai voulu faire autrement : j’ai carrément pris un prof, ici à Zagreb, en me disant que ça serait sûrement plus efficace. Le problème, c’est que le croate est tellement difficile (une langue slave, à déclinaisons et aux sonorités toute nouvelles pour mes oreilles) que après un an dans le pays, je me traîne péniblement entre le niveau A1 et A2.
Je ne peux donc pas vraiment comparer les résultats par rapport aux efforts fournis (facilement 3 fois plus pour le croate que pour toutes les autres langues réunies). Difficile pour moi de dire si la méthode ‘prof en live’ est meilleure que la ‘méthode Assimil’, il aurait fallu que je me dédouble, que mes ‘2 moi’ choisissent la même langue, l’un avec un prof et l’autre avec Assimil, et qu’on compare les progrès tous les 3 mois.
Voilà à peu près où j’en suis dans les langues. Je ne maîtrise réellement que l’anglais. Je me débrouille en espagnol. J’ai des bonnes notions d’italien, et je débute en suédois et en croate.
Pour ces langues, j’ai testé plein de méthodes d’apprentissage différentes, et je voudrais vous partager tout ça dans les lignes qui suivent.
Comment apprendre une nouvelle langue : les 3 meilleures méthodes d’apprentissage
Il n’y a pas 36 façons d’apprendre une langue. En fait, il y en a seulement trois qui marchent vraiment. Les voici.
> La méthode scolaire : idéale pour apprendre les bases d’une nouvelle langue
Celle-là, tout le monde la connait puisqu’on est, a priori, tous passés par l’école à un moment donné. C’est comme ça que l’on a tous appris (mal) l’anglais, et pour certains d’autres langues.
J’ai beau critiquer sans arrêt le système éducatif français en ce qui concerne l’enseignement des langues à l’école, il y a tout de même un point important : cela donne des bases, au minimum, sur lesquelles construire un véritable apprentissage derrière.
A l’âge adulte, on peut toujours se réinscrire à l’université ou dans des cours du soir pour apprendre la langue étrangère voulue.
L’avantage principal de ce genre d’apprentissage, c’est que l’on obtient un structure grammaticale forte de la langue choisie.
L’inconvénient majeur, c’est que l’on ne pratique pas, ni pendant le cours, ni en dehors la plupart du temps. Ce qui fait qu’on mémorise peu le vocabulaire, et que les mots ne nous viennent pas spontanément en tête. En clair on ne deviendra pas ‘fluent’ simplement en écoutant un prof nous expliquer pourquoi on met telle ou telle déclinaison à la fin de tel ou tel mot.
Ici, en Croatie, j’ai rencontré pas mal de français expatriés ici depuis longtemps. Tous ont décidé, à un moment donné, de suivre les cours de croate à l’université pour se donner des bases sur lesquelles poser le reste de leur apprentissage (et pour se recadrer au niveau grammatical).
Si vous envisagez d’apprendre une langue, le cadre scolaire, bien que rébarbatif sur le papier, ne s’avère donc pas si inutile que cela, soit pour démarrer de zéro, soit pour se perfectionner.
> Les cours particuliers
La seule fois où j’ai pris des cours particuliers pour apprendre une langue, c’est ici, en Croatie, pour cette langue terriblement difficile.
J’ai fait deux types de cours : dans un petit groupe de 4 élèves, dans une école de langue (nous partions tous du niveau zéro). Et du vrai cours particulier, via une plateforme en ligne (italki – je vous en reparle plus bas), principalement pour faire de la conversation et travailler mon expression orale.
L’avantage des cours particuliers, quand on choisit bien son prof, c’est qu’on peut lui indiquer précisément nos besoins, et donc être efficace dans notre apprentissage.
Le cours en petit groupe avait ce gros défaut : j’apprenais des trucs complètement inutiles, comme les couleurs ou le nom des animaux. Avec mon cours sur la plateforme en ligne, j’indiquais simplement à ma prof les sujets de conversation que je voulais maîtriser (ou le type de situation où j’étais confronté à la langue, du genre au restaurant ou au marché), et hop, on travaillait dessus. C’est efficace car du coup on va à l’essentiel : il suffit d’apprendre uniquement le vocabulaire adéquat, pas besoin de surcharger le cerveau avec des mots inutiles.
L’inconvénient de ce type d’apprentissage, c’est son coût : en Croatie, un cours particulier coûte environ 10€ de l’heure, donc ça va, ce n’est pas énorme. Mais la même chose en France, ou dans un pays dont le coût de la vie est encore plus élevé, cela revient vite à cher d’apprendre une nouvelle langue.
> Les méthodes de langues à suivre chez soi
Je l’ai déjà expliqué plus haut, j’ai suivi plusieurs fois la méthode Assimil pour mon apprentissage du suédois et de l’italien.
Ce qui est chouette avec Assimil, c’est que :
– ça ne coûte pas très cher (disons l’équivalent de 5 leçons particulières en moyenne)
– on peut le faire quand on veut (pas besoin de se concerter avec quelqu’un), il suffit de trouver un quart d’heure dans sa journée.
– on peut le faire où on veut (aux chiottes, dans les transports, sur la plage, en prenant son petit déj, …).
Ce qui est difficile :
– il faut se motiver tout seul, ce qui est vraiment le plus difficile pour moi, je finis par me décourager.
– l’apprentissage n’est pas personnalisé : dans certains chapitres, on bosse vraiment sur du vocabulaire inutile (je sais dire ‘bossu’ en suédois, génial).
– on ne pratique pas l’expression orale, ce qui est quand même la base d’une langue à mon avis.
J’ai écrit un article détaillé pour vous donner réellement mon avis sur la méthode Assimil, il se trouve ici. Pour le résumer, je dirais que c’est un très bon complément à l’un des deux autres types d’apprentissage. Tout seul, ce n’est clairement pas suffisant.
Je ne parlerai pas ici des applis de Babbel, Duo Lingo, et compagnie : à mon sens ça peut (dans le meilleur des cas) servir de complément à l’apprentissage d’une langue, mais certainement pas être une méthode unique (ou alors, vous n’irez vraiment pas loin).
Mes 9 meilleurs conseils pour apprendre une nouvelle langue
A force d’apprendre des langues, je commence à avoir une idée précise de ce qu’il faut faire et de ce qu’il ne faut pas faire. Voici mes 9 conseils pour vous aider dans votre apprentissage.
1. Choisissez ce que vous voulez apprendre
Ça c’est la règle numéro 1 pour apprendre une langue.
Inutile d’apprendre les couleurs ou le nom des animaux. Réfléchissez à ce que vous voulez apprendre exactement, en fonction de vos besoins. Sélectionnez attentivement le vocabulaire, et concentrez vous sur l’essentiel.
Si vous partez en voyage dans le pays, visualisez dans votre tête une scène où vous serez confronté à la langue locale. Par exemple, au restau. Et apprenez par coeur le dialogue qui aura lieu (c’est toujours la même chose, à peu de chose près : « bonjour, une table pour 2 personnes s’il vous plait – vous avez une réservation ? – non – ok, suivez moi – désirez-vous un apéritif ? – etc…).
J’ai un ami qui est joueur de poker professionnel (à un petit niveau, hein, vous ne le verrez jamais à la télé sur le World Poker Tour). Il se fait régulièrement des expéditions à l’étranger pour participer à des tournois de poker en live. Lui, il se fout complètement des musées, des visites touristiques, ou ce genre de trucs. La seule chose dont il a besoin quand il part à l’étranger pour participer à ses tournois, c’est de connaître les termes du poker dans la langue du pays (ou en anglais). Croyez-vous qu’il s’amuse à apprendre la conjugaison du verbe ‘être‘ à tous les temps ? La grammaire ? Le vocabulaire des fruits et légumes ? Nein. Il apprend juste à dire « je relance, je suis, tapis« , et les nombres. Et c’est tout. Parce qu’il n’a pas besoin d’autre chose. En clair, il suffit d’apprendre (ou d’enseigner) une langue en fonction d’un besoin spécifique. Pour rester dans le poker, c’est ce qu’a fait le célèbre joueur mexicain Jorge Limon, qui a commencé sa carrière en donnant des cours d’espagnol ciblés sur le vocabulaire et les expressions du poker à des joueurs qui voulaient participer à des tournois dans des pays hispanophones.
Concrètement, si vous voulez être efficace dans votre apprentissage de la langue, commencez par sélectionner les sujets de conversation que vous avez souvent en français. Vous parlez souvent de voyage ? Apprenez le vocabulaire autour de ce champs lexical jusqu’à pouvoir tenir une conversation complète sur ce sujet dans votre nouvelle langue. Puis passez à un autre sujet, et ainsi de suite. Pensez efficace !
2. Utilisez à fond les moyens mnémotechniques
Au printemps dernier, j’ai rencontré un français, Tom, qui tient une chaîne Youtube sur l’apprentissage des langues (que je vous recommande fortement d’ailleurs, ses conseils sont excellents : elle se trouve ici).
Je lui disais qu’il y avait des mots que je n’arrivais pas à retenir, même si je les entendais ou les voyais plusieurs fois. Il m’a alors parlé d’un truc tout con, que j’utilisais d’ailleurs dans d’autres circonstances que l’apprentissage des langues : les moyens mnémotechniques.
On était à la terrasse d’un café, à Zagreb, et je voulais commander un jus d’orange pressé. Impossible de me rappeler le mot ‘pressé’ en croate. Je demande au serveur, et Tom me décompose le mot de façon à ce que ça marque mon esprit : ‘cijedjeni’ devient ‘scier Jenny‘, ça me fait tilt, et depuis je n’ai plus jamais oublié ce mot. Je l’utilise régulièrement pour d’autres noms compliqués qui n’arrivent pas à me rentrer dans le crâne, genre le mot ‘lundi‘ en croate, qui se dit ‘ponedjeljak’, et que j’ai mémorisé avec ‘poney des lacs‘.
Plus l’homonymie utilisée est choquante, décalée ou drôle, plus vous arriverez à vous rappeler du mot voulu.
3. Préparez-vous des structures de phrase-type à apprendre par coeur
L’idée générale quand je cherche à apprendre une langue, c’est d’éviter de me bourrer le crâne. Je cherche l’efficacité : ne pas surcharger ma mémoire tout en optimisant au maximum mes possibilités d’expression orale.
Plutôt que d’apprendre tout un tas de vocabulaire, je cherche plutôt à apprendre des structures de phrases-types, dans lesquelles il ne me reste plus qu’à remplacer un mot ou deux, en fonction du sens que je veux donner à la phrase.
Par exemple : ‘je suis très intéressé par …‘. Plutôt que d’apprendre la traduction littérale de chaque mot et de devoir réfléchir à comment les utiliser ensuite (conjugaison, déclinaison, …), j’apprends la phrase-type et je rajoute juste le mot de vocabulaire qui me manque derrière (avec la bonne déclinaison/terminaison/accord).
En plus d’une économie d’effort de mémorisation, vous évitez aussi de faire des fautes en apprenant directement la structure correcte de la phrase, plutôt qu’en essayant de la construire à l’arrache à chaque fois que vous voulez exprimer l’idée.
4. Apprenez par coeur votre ‘pitch personnel’
Si vous êtes expatrié ou si vous voyagez, vous vous êtes certainement rendu compte que les mêmes questions reviennent systématiquement dans la bouche des gens que vous rencontrez. Et au bout d’un moment, ce sont pratiquement les mêmes réponses qui sortiront de la vôtre.
En gros, comment vous vous appelez, votre âge, d’où vous venez, ce que vous faîtes dans la vie, pourquoi vous apprenez la langue, ce que vous faites là dans le pays, etc.
Donc, dans le même ordre d’idée que le point précédent, je vous recommande d’apprendre par coeur une petite présentation, un petit ‘pitch’ de vous-même, reprenant les phrases que vous êtes amené à prononcer souvent. Cela fera son petit effet sur les gens que vous rencontrerez, quand vous sortirez tout ça sans faute et de manière parfaitement fluide.
5. Baignez dans la langue autant que possible
Ok, ce conseil est un peu bateau mais ça n’empêche que ça marche : écoutez la radio, regardez la télé, trouvez des chaînes Youtube ou des podcasts dans la langue, …
Par contre, n’écoutez pas n’importe quoi : concentrez-vous uniquement sur ce qui vous intéresse. L’idée, c’est que ça reste du plaisir. Si en français vous ne regardez jamais le JT parce que ça vous déprime, ne vous mettez pas à regarder le JT dans la langue du pays que vous apprenez.
Si vous êtes passionné de voyages, trouvez des reportages sur des destinations qui vous intéressent dans la langue que vous apprenez. Si vous aimez le sport, regardez les résumés des matchs du week-end dans la langue en question, etc.
L’idée, c’est :
– de rester sur la notion de plaisir pour éviter de se démotiver
– d’engranger du vocabulaire et des expressions sur des sujets de conversation que vous aurez dans la ‘vraie vie’.
Alors, ce n’est pas forcément à faire quand vous débutez complètement dans la langue car vous allez vite être submergé et découragé. Une fois que vous avez atteint au moins le niveau A1, vous allez déjà commencer à reconnaître des mots et des expressions. Idéalement, essayez de trouver des émissions qui proposent aussi des sous-titres dans la langue (c’est assez simple sur Youtube), pour avoir l’écrit ET l’oral en même temps.
Deux autres idées pour baigner dans la la langue que vous apprenez :
– Changez la langue de l’interface de vos appareils électroniques
– Collez des post-it partout chez vous.
6. Formulez vos ‘pensées’ dans la langue que vous apprenez
Je sais pas vous, mais perso je suis toujours en train de cogiter, à remuer mes pensées. Je me parle tout seul dans ma tête (je dois pas être complètement sain, ahah). Si vous êtes comme moi, un bon exercice est de reformuler ces pensées là dans la langue que vous cherchez à apprendre, plutôt que les laisser en mode automatique, en français.
Pendant mon voyage en Suède, où j’étais constamment en train d’utiliser l’anglais, je me rendais compte que j’avais même réussi à switcher complètement en anglais dans ma tête. J’essaie de reproduire ça à chaque fois, désormais, dans la langue que je cherche à apprendre.
7. Forcez les gens à vous parler dans la langue voulue
Ca ne sera pas facile car la plupart du temps, les gens pensent vous faire une faveur en passant à l’anglais quand ils s’aperçoivent que vous ramez dans leur propre langue. Parfois aussi, votre interlocuteur n’aura pas la patience d’attendre que vous réfléchissiez à comment conjuguer votre verbe correctement, et il va s’agacer un peu.
La meilleure façon, en fait, c’est de n’avoir aucune langue en commun autre que la langue que vous apprenez. Donc de ne pas parler anglais (c’est le cas de ma copine, qui apprend le croate avec moi ici, et qui ne parle pratiquement pas l’anglais : dès que quelqu’un s’adresse à elle en anglais, elle comprend encore moins qu’en croate : pratique pour se forcer à pratiquer).
Si vous parlez anglais, il faut feindre l’incompréhension et faire croire que vous ne parlez que français. Pas toujours simple.
8. Fixez-vous des objectifs de moyen plutôt que de résultat
Je l’ai dit en début d’article et je le redis ici : apprendre une langue est un processus long et difficile. Si vous ne voulez pas perdre toute votre motivation après les premiers efforts, il ne vous faut pas vous attendre à devenir bilingue en 15 jours.
La plupart des gens qui abandonnent l’apprentissage d’une langue, c’est faute de voir des résultats concrets et rapides. Moins vous avez d’attente, moins vous risquez d’être déçu, et donc moins vous aurez de chance d’abandonner.
D’une manière générale, essayez de vous mettre davantage un objectif de moyen plutôt qu’un objectif de résultat. Changez votre façon de penser : ne vous dites pas « je dois être bilingue dans les 3 mois« , mais plutôt « je dois travailler 10 minutes par jour ». Le premier risque de vous décevoir si le résultat n’est pas à la hauteur. Le second, l’objectif de moyen, est réalisable quoi qu’il arrive, et peu importe vos progrès.
9. Dosez intelligemment votre apprentissage de la langue
Vous savez peut-être qu’en moyenne, en français, on utilise 300 mots pour s’exprimer dans la vie courante. Les chiffres sont sensiblement les mêmes dans la plupart des langues. Pas besoin de connaître le dictionnaire sur le bout des doigts, donc, pour pouvoir pratiquer une langue correctement, il suffit d’apprendre intelligemment.
Mais si vous essayez d’apprendre ces 300 mots trop vite, ça ne rentrera pas. L’objectif, c’est de savoir parler la langue correctement. Pas de savoir la parler demain ou le mois prochain.
Dosez votre apprentissage de façon à ne pas avoir à vous mettre trop dans le dur et à faire des efforts énormes qui entameraient votre motivation, faute de résultats immédiats.
Pour apprendre ces 300 mots ‘de base’, si vous apprenez un seul nouveau mot par jour, en moins d’un an vous serez capable de vous exprimer correctement dans la langue. Deux mots par jour, et c’est en moins de 6 mois. A vous de doser en fonction de votre capacité d’apprentissage. Perso, j’ai vraiment du mal à dépasser les 2/3 mots par jour, sinon je les oublie si je ne les réutilise pas très vite (d’ailleurs y’a un super outil pour apprendre son vocabulaire sans trop d’effort, je vous en reparle plus bas).
Quels outils pour apprendre une nouvelle langue
Voici les outils que je vous recommande d’utiliser pour l’apprentissage des langues.
> italki, pour travailler l’oral
C’est vraiment l’outil idéal pour travailler la conversation. Je ferai prochainement un article détaillé sur le sujet, mais en gros, c’est un site qui met en relation des tuteurs et des étudiants. Les prix sont globalement abordables (je paie 7 dollars de l’heure mon cours de croate), et c’est bien moins formel qu’un cours normal, j’ai l’impression de parler avec une copine.
L’un des gros avantages d’italki c’est qu’il permet de pratiquer la langue facilement sans forcément être dans le pays en question. Pour ma part, c’est sûr que je pourrais aller dans les bars et discuter croate avec les locaux, mais la plupart n’auront ni la patience ni les compétences pédagogiques pour me faire progresser. Là, j’avance concrètement un peu plus à chaque cours.
Pour tester italki, voici un coupon de 10 dollars vous permettant de réserver une leçon gratuitement.
> Anki, pour apprendre le vocabulaire
Anki est un logiciel qui permet d’apprendre son vocabulaire sur la technique dite de la répétition espacée. En gros, vous rentrez vos mots de vocabulaire dans le logiciel, et il s’occupe de vous les faire réviser. A chaque fois qu’il vous propose un mot, vous devez dire si c’était « facile, difficile ou impossible » pour vous de trouver la traduction. Cela lui permet de savoir à quelle fréquence il doit faire réapparaître ce mot dans votre session d’interrogation.
Pour télécharger Anki, c’est par ici (c’est complètement gratuit).
> La méthode Assimil, pour baigner dans la langue tous les jours
J’en ai déjà parlé plus haut dans l’article, et je vous renvoie à mon article détaillé sur le sujet, mais je trouve que la méthode Assimil est un excellent complément pour apprendre une langue. Cela permet de baigner dans la langue tous les jours, au minimum, grâce à ses dialogues, ses exercices et ses points grammaticaux.
Je pense que ce n’est pas quelque chose de suffisant car cela ne permet pas l’expression orale, mais c’est tout de même un vrai plus pour progresser, engranger tranquillement du vocabulaire, se faire à la langue petit à petit.
> Et c’est tout !
Certains vous diront qu’il vous faut tout un tas d’autres logiciels ou applis pour apprendre une langue. Ce n’est pas mon cas : j’aime aller à l’essentiel, ne pas m’encombrer de dizaines d’applis qui ne servent à rien.
Un papier et un crayon pour prendre des notes pendant mes cours sur italki, Anki pour réviser le vocabulaire et Assimil pour écouter 10/15 minutes par jour la langue, ça suffit.
On récapitule les 20 conseils pour apprendre une nouvelle langue :
1. Oubliez ce que vous avez pu entendre sur la ‘facilité de l’apprentissage des langues’. Apprendre une nouvelle langue, c’est long et dur.
2. Ne cherchez pas à apprendre plusieurs langues en même temps.
3. Définissez précisément quels sont vos objectifs avec cette langue.
4. A partir de vos objectifs, sélectionnez exactement ce qu’il vous faut apprendre afin d’aller à l’essentiel dans votre apprentissage et d’être autonome plus vite.
5. Une langue se parle : trouvez un partenaire pour pratiquer à l’oral (je recommande ce site mais il y en a d’autres).
6. Ne vous mettez pas la pression sur les résultats : fixez-vous un objectif de moyen (par exemple travailler la langue 10 minutes par jour, ou apprendre 10 nouveaux mots par semaine, etc).
7. Hackez votre cerveau avec des techniques d’apprentissage intelligentes comme les moyens mnémotechniques
8. Utilisez un logiciel qui utilise la répétition espacée pour apprendre votre vocabulaire (je recommande Anki mais il en existe d’autres).
9. Ne vous comparez pas aux autres : on n’a jamais finit d’apprendre une langue (tant qu’on n’est pas natif), et on trouve toujours quelqu’un qui la parle mieux que nous. Ce n’est pas grave, vous n’êtes pas dans une compétition !
10. Dosez votre apprentissage pour ne pas tomber en phase de saturation et tenir sur le long terme (une langue ne s’apprend pas du jour au lendemain).
11. Regardez des émissions Youtube, des séries, des films, tout ce que vous voulez dans la langue en question (avec des sous-titres) tant que le sujet vous passionne.
12. Changez la langue de l’interface de vos appareils électroniques.
13. Collez des post-it avec du vocabulaire partout chez vous.
14. Tout le vocabulaire n’est pas bon à prendre : sauf besoin spécifique, oubliez les couleurs, les noms des animaux, les parties du corps, etc… Pensez utile !
15. Ecrivez votre pitch personnel dans la langue et apprenez-le par coeur. Faites de même pour toutes les phrases/situations que vous êtes amené à rencontrer fréquemment.
16. Concentrez-vous sur le plaisir que vous procure l’apprentissage de la langue. Cela ne doit pas devenir une corvée.
17. Faites vos leçons quand vous êtes de bonne humeur : des études ont démontré qu’on apprenait et mémorisait mieux quand on est de bonne humeur que lorsqu’on est de mauvais poil !
18. Pratiquez dès que vous en avez l’occasion. Ne laissez pas les gens vous parler en français/anglais ou dans une langue que vous connaissez déjà, forcez-les à rester sur la langue que vous cherchez à apprendre.
19. La grammaire n’est pas primordiale mais elle est importante, elle sert de structure et de base à la langue. Pas besoin de l’apprendre en premier, elle peut aussi s’apprendre une fois que vous avez un certain niveau, pour vous cadrer.
20. Trouvez une vraie source de motivation sur le long-terme : sans ça, vous ne tiendrez jamais la distance et vous n’arriverez jamais à parler une langue étrangère.
J’espère que cet article vous a plu et qu’il vous a donné des pistes pour apprendre la langue étrangère que vous avez en tête.
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A bientôt,
Jérémy.