Il y a quelques semaines, j’étais à la journée des anciens de mon IUT, en Normandie. Evidemment ça n’a pas loupé : « qu’est ce que tu deviens ? tu fais quoi maintenant ? t’es où ?« .
Je ne peux pas dire que je ne m’y attendais pas, mais ça n’a pas rendu l’exercice plus facile pour autant.
Bref, ce que je répondais à chaque fois aux questions des profs / étudiants / anciens camarades, c’était « je voyage« .
Souvent, ça en restait là. Parfois, des curieux me demandaient des détails, et là j’expliquais le truc : « je tiens un blog de voyage, j’écris des articles sur les destinations où je me rends, et je gagne ma vie avec la publicité« .
« WAOUH mais c’est génial ton truc !«
Ouai c’est vrai, c’est assez génial. Je suis plutôt fier de ce que j’ai réussi à créer.
Et c’est vrai que vu de l’extérieur, mon métier a tout du job de rêve : j’écris 2/3 articles par semaine, je me lève à l’heure que je veux, sans rendre de comptes à un patron casse-couilles, et je me promène de pays en pays au gré de mes envies. Dit comme ça, ça fait rêver.
La réalité est moins rose.
Le métier de blogueur voyage (et de blogueur en général), ce n’est PAS d’écrire des articles. Enfin, pas seulement.
En fait, j’écris des articles quand il me reste du temps, une fois que j’ai fait le reste.
90% de mon taf, c’est de trouver des partenariats. Soit avec d’autres blogueurs pour développer mon audience, soit avec des annonceurs, pour faire rentrer des sous (ouai, car être blogueur c’est être indépendant, donc si je n’ai pas de patron pour me mettre la pression, je n’ai aussi aucun salaire d’assuré à la fin du mois, hein).
Donc pour tous ceux qui seraient intéressés par le métier de blogueur, voici concrètement ce que je fais au quotidien :
– de la prospection : je passe un temps fou à fouiner sur le web pour trouver des annonceurs potentiels, qui trouveraient de l’intérêt à communiquer auprès de mes lecteurs.
– de la négociation : une fois que les agences sont trouvées, il faut négocier un tarif avec elles, souvent il s’agit d’un affichage d’un lien sur un mot-clé spécifique (comme dans cet article sur les meilleurs pays pour apprendre l’anglais)
– des mailings : je tiens particulièrement à entretenir et garder une proximité avec mes lecteurs, j’essaie donc de mailer régulièrement les abonnés de ma newsletter pour prendre de leurs nouvelles, et leur partager mes bons plans du moment et mes idées de voyage.
– de l’organisation d’événements : faire connaître un blog, c’est un sacré boulot. Récemment, j’ai organisé l’écriture d’un livre collaboratif avec d’autres blogueurs voyageurs (« Coups de coeur de blogueurs – 37 villes qu’ils aiment » que vous pouvez télécharger gratuitement en vous inscrivant en remplissant le formulaire en haut de cet article, le même que pour « 23 lieux et expériences insolites en Europe« ). Bref, je ne chôme pas en coulisse (même si vous me prenez sûrement pour un gros flemmard qui n’écrit que 40 lignes de texte tous les 3 jours 😉 ) !
– du référencement : puisque le modèle économique de mon blog est basé sur la publicité, je dois avoir une audience (pour que les annonceurs aient quelque chose à y gagner). Et l’audience vient via Google, donc je dois me positionner dans les premières pages des moteurs de recherche. Et ça n’arrive pas par hasard : il faut continuellement bosser mes mots-clés, m’inscrire dans des annuaires, etc. C’est chiant, mais c’est indispensable !
– du webdesign : bon, j’y connais pas grand chose et j’aime pas ça, donc j’essaie de limiter le truc autant que possible. Mais je suis bien obligé de tenir mon blog au propre, donc je passe pas mal de temps à corriger des petits défauts, tripatouiller dans le code html (genre pour installer le formulaire), et ce genre de détails qui fait que Roadcalls n’est pas trop laid (ou peut-être que si, et si c’est le cas dites le moi dans les commentaires, histoire que je me prenne à nouveau la tête sur le design 🙂 )
– de la formation : vous vous doutez que toutes les compétences que je cite ci-dessus, je ne suis pas né avec (et pour la plupart je ne les ai pas apprise à l’école non plus). Donc pas 36 possibilités : je me suis formé. Ca prend du temps, et ça coûte de l’argent (c’est pour ça que mon chiffre d’affaire et mon revenu net n’ont pas grand chose à voir). Et surtout, comme le web évolue vite, j’ai intérêt à me tenir continuellement au courant des nouvelles possibilités, histoire de ne pas louper un wagon et me retrouver à la ramasse dans quelques mois / années (en gros, le contraire de Myspace, Ebay, Caramail et les autres).
– de la réflexion : j’essaie de gérer mon blog comme une petite entreprise. De lui donner des grands axes et de m’y tenir. Je passe beaucoup de temps à cogiter sur la ligne éditoriale, sur les idées d’articles, et même sur mes possibilités de publier un livre sur le voyage prochainement. Tout ça doit être orchestré et pensé à l’avance, sinon je fonce dans le mur.
– de l’écriture : ouai bon bah ça hein, ça tombe sous le sens : entre les articles, les mailings, la recherche de partenaires, les réponses aux lecteurs (commentaires et mails), l’écriture occupe évidemment une place centrale dans mon activité. Et ça tombe bien, j’adore ça !
Bref, tous ceux qui pensent que blogueur voyage, c’est bosser 4 heures par semaine, les doigts de pieds en éventail sur une plage de sable fin, à écrire un ou deux articles de temps en temps, c’est des conneries.
Je bosse entre 30 et 50h par semaine, pour un salaire que la plupart d’entre vous refuseraient aussi sec (je me verse 700€ net par mois, même si mon chiffre d’affaire est souvent supérieur – j’en parle dans cet article, même si les choses ont un peu évolué depuis). Le reste part dans l’hébergement du site, des missions ponctuelles ou récurrentes avec des prestataires (module de newsletter, etc), et j’en réinvestis une bonne partie en formation, dans d’autres projets, ou je le laisse sur le compte de ma société histoire d’avoir un peu d’avance en cas de coup dur.
Voila à quoi ressemble mon quotidien de blogueur-voyageur. Ça vous fait moins rêver qu’au début hein ?