Je l’ai déjà dit plusieurs fois sur ce blog : j’aime voyager à l’instinct, sans trop prévoir où je vais me rendre à l’avance. Parce qu’être libre de mes mouvements me permet d’être plus flexible, de m’adapter aux aléas du voyage et surtout d’être ouvert aux opportunités qui se présentent à moi.
La découverte de Cinque Terre fait partie de ces opportunités. Et j’aurais été bien bête de pas en profiter : c’est actuellement le plus gros coup de coeur de mon voyage, et je ne pense pas qu’il sera détrôné d’ici à la fin de mon roadtrip.
Commençons par le commencement : Cinque Terre, ce sont 5 petits villages du bord de mer, perdus quelque part entre Gênes et Pise. Cinq avancées de terre dans la mer, cinq falaise, cinq criques, et cinq villages au charme absolument fou.
Le premier, le plus grand, c’est Monterosso. Le « Mont Rouge ».
J’y arrive par le train régional en provenance de Gênes, justement. Dès la sortie de la gare, la vue est saisissante : sur ma droite, une montagne tombe dans la mer, en face, un rocher trône tout seul dans l’eau surbrillante, et à ma gauche, une vieille tour de pierre se dresse face à la Méditérannée. Le décor est planté : je m’assois sur le banc le plus proche et je me mets à rêvasser.
Monterosso se fait facilement à pieds : je longe la mer vers la gauche, suivant les quelques rares touristes qui sont descendus du train en même temps que moi. Au bout d’un moment, le chemin se sépare en deux. L’un monte, l’autre continue de longer la mer et se dirige droit vers l’autre partie du village, construit au coeur de la crique, encastré entre deux nez de montagne.
J’ai une théorie assez simple : plus on est haut, plus la vue est belle.
Je ne tergiverse pas trois heures et je m’engage sur le chemin qui monte. Je le regrette vite : avec mon sac à dos de 12 kilos, mes épaules souffrent, et mes jambes encore endormies ont tendance à vaciller un peu trop facilement.
Je monte sans me retourner, jusqu’à atterrir au premier et probablement plus beau point de vue de Monterosso :
Je reste là à admirer la mer (j’y peux rien, je l’aime !). Quelques touristes passent de temps en temps derrière moi, mais ne s’arrête jamais très longtemps. Je ne comprends toujours pas l’intérêt de marcher le plus vite possible avec des bâtons et un équipement, les yeux rivés sur ses pieds, et ne jamais lever le nez pour admirer le paysage. « Marche sportive », ok, mais quand on est dans un endroit pareil, c’est un crime de ne pas regarder les alentours !
Je décide de continuer mon ascension, jusqu’à une sorte de couvent (reconverti en cimetière). Sur le chemin, je croise un couple d’anglais dont la fille devait peser pas loin de 450 kilos. Dans un jogging gris, trempée de sueurs, plus rouge qu’une tomate andalouse. Je me demande comment elle a fait pour arriver là.
Le couvent a peu d’intérêt. Les tombes sont joliment décorées et la vue sur Monterosso est chouette, mais je suis sûr que je peux trouver des spots plus sympas (et un peu moins glauque). Je redescends donc vers le village.
Un village tout petit d’ailleurs. Une place principale étonnamment bien entretenue, des ruelles mimi comme tout, et des petites boutiques touristiques tous les 5 mètres. On est bel et bien dans un attrape-touriste, tout comme il faut. Mais ça n’empêche, je suis sous le charme de cet endroit.
Je me pose finalement dans un petit bar – tenu par une jeune femme parlant français – pour manger un morceau. C’est cher, mais y’a le wifi et je n’ai pas consulté mes mails depuis plusieurs jours : le modernisme me tuera.
Après m’être rempli le bide d’un sandwich au jambon fumé et fromage fondu, je me remets en marche. En sortant du village vers les terres, je découvre un petit ruisseau que je décide de suivre. Je me retrouve vite perdu au milieu de nulle part, entouré de citronniers et d’orangers. Le soleil tape.
Plus haut, une cascade déverse son écume sous un petit pont de pierre. Je m’assois, les jambes dans le vide, et je profite : ce soir, je dors à Pise, la ville qui compte plus de touristes que d’habitants. Ca sera moins calme.
A pronto !