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Comment j’ai vécu 2 ans en Australie en bossant moins de 6 mois :

DSC_0699Je suis allée en Australie en 2006 et 2007. Ça remonte mais c’est une destination qui a toujours la cote. Du coup je me suis dit « pourquoi ne pas partager tes petits trucs qui t’ont permis de voyager beaucoup en 2 ans sans travailler longtemps ? »

A l’époque je vivais à Paris, j’en ai eu ma claque, je les ai prises, mes cliques et mes claques, 1 billet aller, 300 euros dans les poches (si si c’est possible !) et ciao la galère !

Article rédigé par Tinka, passionnée par l’Inde et la photo. Grande voyageuse, elle a passé 2 ans en Australie et vous raconte ses aventures dans les lignes qui suivent.

Aaaah l’Australie, ses plages paradisiaques, ses surfeurs blonds et bronzés, sa bière fraîche à toute heure et ses kangourous! Bon, des clichés qui existent mais qui ont été (plus ou moins) loin de ma réalité…

Moi, après une acclimatation de 3 semaines à Adélaïde pour comprendre la langue (oui oui c’est bien de l’anglais), penser à regarder du bon côté quand tu traverses la route, se faire réveiller le matin par des perroquets et non des pinsons, avoir le vertige en regardant le ciel étoilé que tu pensais ne pas connaître mais qu’en fait tu connais en ne le reconnaissant pas… bon ben après j’ai commencé à bouger. Un sac à dos trop gros, une bonne dose de courage et hop c’est parti l’aventure ! Train, stop, Côte Est, Melbourne, Brisbane, Airlie Beach, « la route du diable » quoi (mais ce point de vue sur la route des backpackers est un autre sujet) et enfin, avant d’arriver à Cairns, je me suis dit qu’il serait bien de faire un peu d’argent. Car t’as beau avoir été hébergé, fait du camping sauvage, du WOOFING ou bouffé des noodles soup à gogo ou du poisson pêché avec une ligne en rouleau, les thunes en Australie, c’est comme l’eau, ça s’évapore vite.

Bref, je m’arrête dans un bled qui s’appelle Innisfail (et là c’est loin des plages paradisiaques et des surfeurs blonds et bronzés moi j’te le dis) car ça cultive la banane dans le coin et c’est la saison.

Premier job : attacher les arbres dans les plantations

DSC_0487Sympa, mais y avait que du boulot pour 3 jours. Donc direction l’usine : trier les bonnes des mauvaises bananes (la moindre petite tâche noire les envoie à la poubelle !), 8 heures par jour sur place, à te casser le dos en cassant les régimes, les avant-bras dans l’eau, les pesticides et la pisse de rat. Mmmh ça fait rêver hein ! Bon ben là, j’y suis pas restée longtemps… 3 jours. Juste le temps de me faire un TFN (numéro pour pouvoir travailler) et ouvrir un compte bancaire.DSC_0983

Mon truc pour trouver le job ? Alors, déjà, ne pas faire comme tous ces backpackers qui s’inscrivent dans une agence d’intérim et attendent pendant 1, 2 voire 3 semaines qu’on les appelle à leur auberge de jeunesse en claquant tout leur fric dans les bars et les boîtes créés pour les backpackers ! Mais trouver le bar du coin, le local, celui où les locaux vont (et en général où tu ne vois pas de confrères backpackers ou si peu) et s’y pointer à l’heure de sortie du boulot. Là c’est pas toi qui vas chercher du taff, c’est le taff qui vient à toi.

Tous les gars qui bossent aux alentours vont au pub. Tous ! Tu tchatches, tu bois des coups, t’as plusieurs propositions dans les fermes environnantes (car il y a toujours du travail), y a plus qu’à appeler ou se pointer directement, et le tour est joué ! Je n’ai jamais mis plus de 2 jours à trouver du travail…

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Deuxième job : « operator on a mojo builder »

Quesako ? J’aurais lu ça dans les petites annonces, j’aurais jamais appelé parce que j’aurais rien compris de ce que c’était. Mais j’ai trouvé le plan en faisant du stop avec un routier quand j’étais sur la Côte Est.

Alors me voilà dans l’ouest du Queensland à bosser dans les champs de coton et à le presser pour en faire de grands balles en rectangle appelées des « mojos », n’en déplaise à Austin Powers. Ha ha ha!

Bon là-bas non plus, c’était pas surfeur et compagnie mais bière et kangourous oui ! Et ça payait bien. J’ai fait 2 semaines puis une fermière bourrée à failli me dézinguer avec un fusil pour cochons sauvages alors j’ai décampé. Mais ça aussi c’est une autre histoire…

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Troisième job : bosser sur un bateau perlier

Quand je suis montée à Darwin dans le Northern Territory, j’ai entendu parler de ce job qui payait bien. Mais impossible d’imaginer que je pourrais être prise quand j’ai vu mon CV se retrouver tout en bas d’une énorme pile au bureau où je suis allée me présenter tellement y a de demandes.

DSC_0323Comment j’ai fait? Encore une fois, au culot. J’avais abordé des gars dans un café qui avaient l’air de travailleurs à leur pause clope et leur ai demandé s’ils savaient où je pourrai trouver du taff. L’un d’eux m’a pris mon tel (je me suis dit ouais ouais) mais en fait il m’a rappelée, en tout bien tout honneur, on a discuté et il m’a pistonnée en m’envoyant directement en haut de la pile et j’ai embarqué sur un bateau quelques jours plus tard dont le capitaine était un de ses amis.

Boulot le plus dur de ma vie mais j’avais fait une promesse à ce gars que je ne reverrai peut-être jamais : c’était de faire 3 trips en mer minimum, ce que j’ai fait (après m’être dit que je voulais me tailler de là 2 jours après avoir embarqué). Le plus, c’était la bouffe; on avait un chef cuistot qui nous gâtait. Mais je pense que c’était pour nous faire oublier… le moins, le job très dur, très physique à la chaîne. On touchait près de 10000 huître perlières par jour et on avait fini la journée… que quand on avait fini ! Mais bon, très bonne paye et pas de frais pour l’hébergement et la nourriture.

Quatrième job : sur un chantier à Darwin

Trois trips en mer donc un mois et demi après le bateau qui m’avait emmené dans les Kimberleys, j’ai pris l’avion et suis retournée à Darwin… et je suis tombée dans un bar sur le même gars qui m’avait pistonnée !

On discute, on boit des coups, on discute, on boit des coups, vous voyez le topo ?… Et après m’avoir demandé ce que j’allais faire, moi voulant aller à l’Ouest mais besoin d’un peu plus d’argent pour ne pas faire ça en mode touriste japonais clic-clac on voit on s’en va (pardon à mes amis japonais), il me demande :

« – Do you want to work for me?
Moi – What do you do?
Lui – Construction.
Moi – Ok. »

Et me voilà, dès le lendemain, sur le plus gros chantier de construction de Darwin en bord de mer, chantier pour 12 ans avec 120 gars et moi, comédienne de formation et ne sachant même pas dire un marteau en anglais. Gloups !

Il n’empêche que, avec un peu de jugeote, de débrouillardise et de bonne volonté, je me mettrai à mon propre compte 2 semaines plus tard, deviendrai chef d’équipe (du travail au sol avec pelletage dans les tranchées par 37 degrés de moyenne et 80% d’humidité car c’était en septembre, la période du «build up» avant la mousson), demanderai une augmentation à mon patron et ferai 2000 dollars par semaine !!! Payés à la semaine, j’ai pleuré quand j’ai eu entre les mains mon premier chèque…

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Du coup, ça aussi je ne l’ai pas fait longtemps. Un mois puis youplaboum, vacances, Bali, la Nouvelle-Zélande, re-tour de l’Australie revoir des copains puis plus de sous après une visite chez un dentiste, retour avec 40 dollars en poche à Darwin, reprise sur le chantier des mois plus tard pendant 3 semaines (différent job, les murs étant sorti du sol, j’apprends de nouveaux trucs, genre coffrage, décoffrage…) et voilà !

Résumé : une semaine + quinze jours + un mois et demi + un autre mois + 3 semaines, ça fait…. 4 mois de boulot pour vivre 2 ans en Australie !

Comment ? En discutant et en buvant de la bière avec les indigènes. Elle est pas belle la vie ?

Auteur de l’article : Tinka.
Pour savoir comment ne pas avoir de soucis avec l’argent lorsque vous voyagez, lisez ça !