Je quitte à regret Cinque Terre et ses villages encastrés dans la montagne, pour prendre la direction de Pise et de sa tour penchée.
D’abord, je dois quand même préciser que je n’ai jamais été particulièrement attiré par cette bâtisse construite de travers. Mon truc, c’est plutôt de sentir l’atmosphère d’une ville en me promenant dans ses vieux quartiers. D’observer les habitants, leurs habitudes, leur façon d’être et de vivre. Les monuments ne sont pas ma priorité quand je voyage, et si une loi m’interdisait de passer par les musées et les monuments d’une ville, je m’en accommoderais très bien.
Tout commence donc dans le train qui m’emmène à Pise. En montant dans mon wagon, je me cogne involontairement dans le sac à dos d’un grand blond avec deux chaussures noires (de randonnée). C’est un allemand, il s’appelle Bernie, mais je ne le sais pas encore.
Je me fends d’un « scusi » qui est devenu une habitude depuis que je suis en Italie, et je m’assoie quelques sièges plus loin.
Les paysages défilent sous mes yeux. Dans la nuit tombante, je devine quelques montagnes aux sommets enneigées. J’ai « Count of Tuscany » de Dream Theater dans la tête (et « Auctionned » de Dark Tranquillity dans les oreilles, car comme un petit malin, j’ai oublié de mettre sur mon lecteur mp3 la SEULE chanson en rapport avec la Toscane que je connaisse).
Pise, me voila. En descendant du train, l’allemand de 2 mètres de haut me laisse passer devant lui et je le remercie en anglais (faut dire qu’il a tout sauf le look d’un italien : grand blond aux yeux bleus, habillé en backpacker, et sa copine est le cliché de l’allemande : haute, large, le regard froid et le visage carré).
En sortant du train, je me remémore mentalement la carte de la ville, et tourne à droite en sortant de la gare, direction la seule auberge de jeunesse qui avait encore des lits disponibles.
Derrière moi, j’entends des pas. Je me retourne discrètement, un peu parano avec toutes les histoires d’italiens pickpockets que l’on m’a rapportées. Et je vois qui ? L’allemand de deux mètres de haut et sa copine, qui me suivent à distance respectable.
J’arrive à l’auberge, je m’enregistre, on me donne les clés, et au moment de monter vers mon dortoir, l’allemand et sa copine font leur apparition dans le hall d’entrée.
Quelques minutes plus tard, j’ai posé mes affaires, pissé un coup (sérieux les voyages en train ça me tue !), et, sur les conseils de l’aubergiste, j’ai pris la direction du supermarché le plus proche. Pas de bol : portes closes. Faut dire qu’il est 20 heures passées. Je me dis que je trouverais sûrement un truc à manger dans l’hyper centre et je rebrousse chemin.
Et au coin de la rue, je tombe sur qui ? Sur Bernie ! Mon allemand gigantesque ! Je me dis qu’ils doivent avoir suivi les mêmes indications de l’aubergiste et je me décide enfin à briser la glace ! « Hey guys, vous êtiez dans le même train que moi non ? Vous allez au supermarché ? J’en viens, c’est fermé« . J’entends la voix du géant allemand pour la première fois : « ah merde, on a rien mangé depuis ce matin, on cherchait un truc dans le coin« .
On engage la discussion. Je leur dis que je vais me chercher un truc à grignoter dans le centre. Ils m’emboîtent le pas. Bon feeling avec Bernie, Il se prend pas au sérieux, un bon sens de l’humour et de l’autodérision, on devient vite potes. Sa nana, par contre, ne va pas débloquer plus de trois mots de la soirée. Timide ? Probablement. Car visiblement elle comprend l’anglais : elle rigole quand même à mes blagues un peu foireuses (j’avoue).
Bernie me raconte qu’ils sont dans un trip Interrail, de San Rémo à Munich, d’où ils sont originaires. On se promène dans les rues du vieux Pise (rien de transcendant, soit dit en passant). On finit par se poser dans une pizzeria cheap, où on s’envoie 2 demi-litres de bière chacun en une heure chrono (je me dis que c’est peu pour sa grand carcasse, et puis les allemands ont une réputation à tenir, c’est chez eux l’Oktoberfest, quand même !).
Bref, on sympathise, on se raconte nos voyages, on rigole : le genre de rencontres légères, pas prises de tête et agréables que l’on ne fait que sur la route.
23h, on rentre à l’auberge après quelques détours le long du fleuve. On échange les Facebook, on se dit qu’on se prendra un verre à Florence le lendemain (hasard : c’est là qu’ils se rendaient tout comme moi, même si je changerais mes plans à la dernière minute, encore un coup – je vous raconte ça bientôt !).
Ah oui, et sinon Pise ? Bah à part la tour qui se casse la gueule, y’a rien à voir. Deux trois ruelles piétonnes vaguement intéressantes (boutiques, restaus, boutiques, restaus). Des blacks qui t’arrêtent tous les 20 mètres pour te vendre tout et n’importe quoi. Des étudiantes blasées qui marchent avec la tête encore plus hautes que nos parisiennes. Les rives du fleuve sont plutôt sympas, tout de même, surtout avec les contours des montagnes en arrière plan. Mais pour le reste, Pise ne se limite qu’à sa tour et aux 2 monuments à côté (dont je ne sais même plus le nom, tellement on est tous obnubilé par la même chose).
Bref, je prends deux trois photos, je m’amuse des touristes qui rivalisent d’imagination pour poser devant le monument (la main, le pied, les fesses, la tête, on verra tout ou presque !), et j’attrape mon train pour Poggibonsi, petit bled paumé au fin fond de la Toscane, prochaine étape de mon voyage à travers l’Italie.
A bientôt !
PS : moi aussi je l’ai fait :