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Voyager en famille : c’est possible ! Regardez :

Aujourd’hui, on va parler du voyage en famille. Mais vous me connaissez : je voyage seul, et je suis trèèès loin d’être la meilleure personne pour parler de ce sujet. Alors c’est Tiphanya, auteur du blog Avenue Reine Mathilde, qui va vous en dire plus.

Est ce que tu peux te présenter, toi et la petite troupe qui t’accompagne dans tes périples ?

Bonjour à tous, je m’appelle Tiphanya et j’ai pris la route le 10 septembre dernier avec mon chéri et notre fille Nine de deux ans pour plusieurs mois de voyage. Notre objectif est de mieux connaître l’Europe tout en évitant les pays « froids » en hiver. On risque donc probablement de finir au Maroc pour février.

Quelles sont les destinations où tu t’es rendues ? Et les prochaines sur la liste ? Celles que tu as préférées ?

Nous avons commencé totalement par hasard par Zagreb, puis Istanbul, Athènes (nous avons adoré, grâce à notre hôte couchsurfing, mais aussi pour l’ambiance), Kalamata (dans le Péloponnese que nous avons détesté) et nous sommes toujours en Grèce, dans les îles Ionniennes jusqu’à début décembre.

iles-ionniennes

Pour la suite, en dehors de la Sicile, rien n’est prévu. Nous aimerions faire un peu de house-sitting ou alors du helpX, donc nous irons là où je trouverai quelque chose.

Qu’est ce qui t’a décidé à partir en voyage ? Qu’est ce qui a été le plus dur au moment de franchir le pas ?

C’est une envie présente depuis toujours chez moi. Mon amoureux a fait le même type de voyage quand il avait 11 ans. Disons juste qu’il n’y a pas de bons moments, mais que si on veut profiter de la famille qu’on se construit, c’est important de partager avec notre enfant nos valeurs et idéaux dès le début. Donc on est parti.

Franchir le pas a été une évidence pour nous. Le plus dur a été de faire comprendre à notre famille que le pas avait été franchi, que l’on ne parlait pas d’un projet hypothétique, mais d’une réalité en cours.

Comment se passe un voyage en famille ? Qu’est ce qui change par rapport à un voyage ‘normal’ (disons, en solo ou à 2) ?

J’ai pas mal voyagé solo et lorsque j’ai découvert la Malaisie avec mon chéri, ses parents et ses trois soeurs, je me suis dit « plus jamais ». Mais voyager avec sa famille, celle que l’on construit et non celle que l’on subit (le terme famille peut être plus ou moins large selon chacun), on est avec des gens que l’on aime, que l’on connaît, que l’on veut connaître plus. Tout est plus simple. Ma fille n’ayant que 2 ans, sans qu’elle en ait conscience, elle est le moteur de notre expédition. Les horaires des transports, des visites, sont conditionnés par l’heure de sa sieste. Nous gardons un contact fort avec ses grands-parents, alors que jusqu’à présent je ne donnais jamais aucune nouvelle à personne. Nous mangeons aussi moins (quasiment jamais) en extérieur, son rythme ne correspondant pas au rythme local (impossible de trouver un resto ouvert en Grèce avant 14h, les croates mangent debout dans la rue à n’importe quelle heure…)

Mais nous faisons aussi des découvertes que nous ne ferions pas sans elle. Elle signale tous les chats qu’elle aperçoit, teste des gâteaux et bonbons que je n’oserai pas acheter pour moi, entre dans des boutiques qui lui plaise et auxquelles nous n’aurions pas prêté un seul regard.

Comment vous financez tout ça ?

Un peu avec nos économies, un peu avec mon blog et beaucoup avec mon boulot de prof. D’ailleurs si ça intéresse quelqu’un, j’enseigne le FLE (français langue étrangère) en ligne, ainsi que des cours débutants en anglais et je fais de la correction/relecture de mémoires de recherches.

Vous vous déplacez et vous vous logez comment ? Tu as des trucs/astuces à partager à ce niveau là ?

Nous avons commencé en avion, mais cela ne m’allait pas. On passait d’un endroit à un autre sans prendre conscience du changement. Surtout qu’avec un enfant on ne peut pas passer le voyage à la fenêtre pour regarder la terre défiler.

Donc en Grèce, on a testé les voyages en bus. Puis nous rejoindrons l’Italie de l’Est en ferry. De là, voyage en train sur quatre jours pour rejoindre la Sicile. Nous espérons pouvoir continuer à voyager plus lentement par la suite.

Pour les hébergements, idéalement nous cherchons des locations pour un mois, meublé avec cuisine et internet. Mais nous avons fait une semaine de couchsurfing car le profil d’une personne m’a vraiment séduite. Pour l’instant notre budget est très très serré, donc on ne peut se permettre de faire les difficiles sur ce qu’on trouve.

Au niveau de l’éducation, comment ça se passe pour ta fille ?

Elle n’a pour l’instant que deux ans, mais nous suivons deux courants, différents mais pas opposés. D’abord la méthodologie Montessori, qui en favorisant l’autonomie de l’enfant, permet à Nine d’avoir une vraie place dans le déroulé du voyage. La créativité est également importante et donc nous créons des tableaux à partir de collecte de feuilles. Elle grandit au contact de plusieurs langues, développe son sens de la sociabilisation mais aussi sa motricité (il suffit de regarder la tête des touristes arrivés en haut de l’Acropole pour comprendre qu’il vaut mieux être en forme et stable sur ses jambes).

ITW tiphanya (2)

Le deuxième courant vient de John Holt et se nomme « unschooling » en anglais. L’apprentissage est mené par les goûts de l’enfant. Partant de ce principe, nous prenons appui sur les passions de Nine pour organiser notre voyage. Nous avons visité tous les zoos sur notre passage et fait la différence entre un puma, une lionne et une panthère. Cela implique également de passer des heures à observer les poules et les chèvres qui nous entourent en ce moment. Des cours de SVT donc, à chaque sortie de l’appartement !

Et nous souhaitons continuer dans cette direction, n’envisageant une scolarisation que si nous nous installons plusieurs mois quelque part pour lui permettre d’apprendre la langue et les codes sociaux.

Tu n’as pas peur que ce soit difficile pour elle de grandir en changeant de place continuellement ? (au niveau des amitiés par exemple)

Aujourd’hui il est facile de garder contact avec la famille, grâce à des logiciels comme Skype. Pour les amis, c’est probablement plus délicat et nous verrons bien sur le long terme. Mais elle a apprend à se lier d’amitié, à faire et recevoir des cadeaux, puis à regarder les photos, envoyer des cartes, des dessins, des nouvelles photos. L’avantage principal est qu’elle n’a pas de barrières liées à l’âge, l’origine. En ce moment, la personne qu’elle adore est un vieux monsieur (enfin peut-être 60 ans) qui ne parle que grec. Il y a deux semaines elle était collée à une petite fille de 7 ans…

Il y a certaines personnes que nous espérons revoir. D’autres qui voyagent comme nous et qui se retrouveront peut-être de nouveau sur notre route. Et puis l’amitié en ligne reste une vraie amitié. Donc même si elle commence dans un parc de jeux grec, rien ne l’empêche de se poursuivre en ligne dès qu’elle aura un peu plus grandi.

Tiphanya Zagreb

Quel est le regard de ton entourage sur votre mode de vie ?

Le mode de vie est en soi plutôt bien perçu. Tout le monde a conscience que nous avons une qualité de vie que nous ne pourrions pas nous permettre en France. Un seul parent qui travaille (et encore principalement pendant la sieste puis le début de nuit de ma fille), un appartement avec vue sur la plage, mais parfois un appartement de 50m² au coeur d’une capitale européenne (bon Zagreb, mais c’est mieux que nos 33m² en banlieue parisienne).

Le seul hic, c’est notre fille. Certains membres de notre famille ont l’impression qu’on leur retire leur rôle de grand-parent ou tante/oncle. Elle est actuellement la seule petite-fille/nièce du côté paternel et maternel. Donc on tente de nous culpabiliser un peu, de nous expliquer qu’elle n’aura pas un vrai Noël… Ce n’est pas facile à entendre, mais nous serions resté en France, elle aurait moins de contact avec eux qu’elle n’en a maintenant. Elle les voit en ligne une fois par semaine. En France, je voyais ma mère 4 fois dans l’année…

Vous avez prévu de continuer ce mode de vie encore longtemps ? Ou tu penses te poser quelque part à un moment donné ?

En juin mon chéri va passer un concours pour une bourse d’études en Japon, l’obtenir signifierait se poser pendant 3 ou 6 ans. En cas d’échec, la question n’est pas tranchée. J’aimerai continuer, mais mon amoureux aimerait se poser pour faire son doctorat en France. Mais pour l’instant nous ne voyageons que depuis deux mois, donc on verra bien. Il n’y a pas d’objectif autre que de prendre plaisir à ce que l’on fait. Dès que l’un de nous en a marre, on arrête.

Quels conseils tu donnerais à une famille qui rêve de faire comme vous, pour que tout se passe bien ?

Le voyage au long court n’est pas une panacée qui règle tous les problèmes de la vie de famille. La première chose que l’on fait, c’est être ensemble quasiment 24h/24. Une fois que cette idée est acceptée, choisissez votre idéal, ce que vous aimeriez faire au moins une fois dans votre vie. J’ai toujours voulu habiter au bord de la mer (alors que je n’aime pas particulièrement m’y baigner), c’était donc dans nos objectifs de vie nomade.

Et n’oubliez pas, quand votre enfant est né, vous en étiez fou (enfin sauf la nuit mais c’est un autre problème). Oui, en grandissant ils aiment moins les bisous et la vie semble plus difficile. Voyager en famille, c’est retrouver ce temps avec notre enfant, celui des bisous et de la complicité. Il n’y a rien d’autres à faire que d’oser.

Merci encore à Tiphanya, du blog Avenue Reine Mathilde, pour tous ces conseils ! 

Si vous aussi vous avez des conseils, des anecdotes ou des histoires à partager, venez participer à la prochaine interview ! Contactez moi ici !