Ca fait deux mois que j’ai emménagé à Göteborg. Jusqu’ici, je n’avais jamais été agacé par quoi que ce soit. Tout m’émerveillait. L’amour est aveugle, dit-on. Surtout au début. Et surtout quand on est amoureux d’une ville.
Ce samedi soir, j’ai réalisé que j’allais partir bientôt. Et j’ai eu le coeur serré.
Et en même temps, j’ai réalisé à quel point les suédois conduisent vite et n’importe comment, dès qu’ils sont en mode « soirées ».
Ca m’a passablement agacé.
Entre les apprentis Schumacher qui font ronfler leur moteur aux feux rouges, et crisser les pneus dès qu’ils passent au vert, ceux qui klaxonnent pour un oui ou pour un non, parfois en ajoutant des gestes équivoques, et les taxis qui font mine de t’écraser même quand tu attends sagement au passage piéton (ils ont pris des cours de conduite à Paris ou quoi ?), … bref, Göteborg m’a soûlé, ce soir. Et pas qu’avec les bières du King’s Head.
J’ai l’impression d’avoir découvert la face sombre de la ville. Celle que je n’avais pas envie de voir auparavant, pour préserver l’image d’eldorado que je m’étais construite depuis mon adolescence.
Alors, certes, Göteborg est une ville magnifique, que j’adore. C’est probablement la ville où je me sens le mieux, le plus chez moi, « at home« , depuis que j’ai mis mon premier pied hors de Cherbourg, il y a 7 ans de cela.
Mais ça n’empêche. Chaque ville a des points noirs, et Göteborg le samedi soir, ses nanas peinturlurées aux talons plus longs que leurs jupes, ses taxis prêts à tout pour se frayer un chemin au détriment du bon sens, et ses jackis aux volants de bolides tunés : ça m’agace.
Et pire encore, ce soir j’ai été agacé d’entendre tous ces gens parler suédois. Et moi, petit français, ne jamais pouvoir comprendre un mot des conversations autour de moi. C’est frustrant.
J’en suis même arrivé à apprécier entendre les gens parler en anglais, juste pour que je puisse attraper quelques mots par ci par là, saisir des bribes de conversation, et avoir l’impression d’être au courant de ce qui se passe autour de moi.
En deux mois, je n’ai pas le temps d’apprendre la langue. Mais en deux mois, j’ai le temps de connaître la ville. J’aide les touristes égarés à retrouver leur chemin. Je n’utilise plus le plan du tram, je connais les hubs, les raccourcis. Je ne suis plus un touriste, je ne suis plus un voyageur. Je suis un gothembourgeois. Qui ne parle pas la langue de sa propre ville. Et qui doit la quitter bientôt.
Ca m’agace.
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